Sydia Touré, dans la stature d’un opposant inoxydable !


Il aura fallu qu’il se libère des chaînes d’une cohabitation sans retombées politiques viables pour qu’il desserre réellement les dents afin de voler dans les plumes d’une gouvernance à vau-l’eau fait de corruption et d’à-peu-près. Sydia Touré ne se prive de rien.

Et il sait de quoi il parle quand il déclare que la Guinée marche par la tête avant d’étayer sa lecture : « Neuf ans après l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé, 3 milliards de dollars [environ 2,7 milliards d’euros] ont été dépensés pour la production d’énergie, et pourtant pas une seule ville ne dispose d’électricité 24 heures sur 24, y compris la capitale, Conakry. La Guinée est devenue le deuxième exportateur mondial de bauxite, mais dans le budget 2019 les recettes intérieures diminuent de 11,5 %. Situation curieuse, non ? Cela aurait dû rapporter de l’argent, mais on ne le voit pas, on le cherche. »

Le président de l’UFR sait quand même où va la manne : « Corruption ! C’est la seule explication au fait qu’en neuf années, pas une université n’a été construite, pas un hôpital, pas même cent logements sociaux, pas un seul échangeur routier à Conakry… Tout est dégradé. Il y a un système en place qui ponctionne l’argent public.Nous avons la chance d’avoir des ressources minières. Ce que je déplore, c’est la cadence folle d’attribution des permis miniers, sans transparence ni prise en compte de l’impact environnemental. Les compagnies minières s’acquittent de leurs taxes, mais nous ne les voyons pas dans le budget. Le secteur minier ne nous mènera nulle part si l’argent disparaît en route. Il faut investir ces recettes dans l’agriculture, les infrastructures, et créer des biens communs », lit-on dans une interview que l’opposant a accordé à la presse française.

Il ne se limite pas là, il met au défi quiconque : « J’attends qu’on me prouve le contraire. » Sydia Touré rentre désormais dans la stature d’un opposant inoxydable. Une position qui inquiète le parti au pouvoir, lequel a déjà mis en branle des clairons afin de démentir l’opposant, qui plus est, fut un ancien Premier ministre et donc qui connait bien comment fonctionne un Etat. Et un pays fut-il hérité.

Jeanne Fofana, www.kababachir.com

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