Il y a 4 ans ce 19 juillet, jour pour jour qu’on vivait la vraie fausse attaque du domicile privé d’Alpha Condé, dans la banlieue de Conakry, à Kipé. Ce fut une occasion pour la prétendue victime d’indexer ouvertement des personnalités politiques dont Bah Oury, d’anciens ministres dont Tibou Kamara et des opérateurs économiques dont Diallo Sadakaadji. Les militaires (le général Nouhou Thiam entre autres) et autres civils ont été cueillis à froid.
Ce sont donc au total près d’une quarantaine d’accusés conduits devant la Cour d’assises, après de longs mois après leur emprisonnement à Conakry pour : atteinte à l’autorité de l’Etat, assassinat, tentative de l’assassinat, destruction des biens mobiliers, association de malfaiteurs, abstention délictueuse, détention et vente d’armes de guerre, détention et consommation de chanvres indiens, rébellion, ethnocentrisme, racisme. La Cour d’assise de Conakry a finalement rendu son verdict : deux prévenus ont été condamnés à des peines de prison à perpétuité (Les commandants Alpha Oumar Boffa Diallo AOB et Jean Guilavogui). Quant à Mme Fatou Badiar Diallo, Almamy Aguibou Diallo et Mamadou Alpha Diallo, ils écopent de 15 ans de réclusion criminelle. D’autres peines plus légères ont été prononcées contre le capitaine Mamadou Adama Mara, Thierno Sadou Diallo et Baba Alimou Barry. Pour ces derniers, la Cour d’assise a annoncé cinq ans de prison ferme. Deux autres responsables poursuivent leur détention préventive avec une année supplémentaire car ils ont été condamnés à trois ans de prison ferme.
Le commandant Aboubacar Sidiki Camara dit De Gaulle, ancien aide de camp du général Sekouba Kounaté, poursuivi pour détention et consommation de chanvre indien, a été condamné à deux ans de prison ferme, couvrant largement sa détention préventive. Les plus chanceux sont au nombre de dix-sept, des civils et des militaires, dont le colonel Mohamed Sow, Boubacar Algassimou Barry, Samba Oury Diamankan, le capitaine Abdoulaye Diallo et Cherif Baldé, ainsi qu’un activiste politique, Alpha Saliou Wann, qui ont bénéficié d’une relaxe pure et simple. En principe, 15 personnes dont 13 militaires inculpés devraient bénéficier d’un non- lieu. Parmi ceux-ci, le plus célèbre : Le général Nouhou Thiam, ancien chef d’État-major général des armées sous la présidence de Sékouba Konaté. La Chambre de mise en accusation de la Cour d’Appel de Conakry qui a prononcé ce deuxième non-lieu dans le dossier avait déjà annoncé le jugement de même nature en mars 2012 à l’endroit d’un groupe de 17 personnes détenues pour leur implication présumée dans l’attaque du domicile du président guinéen.
« Nous avons toujours dit que ce dossier est vide et la preuve vient d’être donnée. A la suite des 17 premiers libérés il y en aura encore 15 autres. Nous allons continuer à nous battre parce qu’il y a d’autres qui seront renvoyés devant la cour d’assises. Aucune charge, sinon des charges inventées, ne pèse sur eux.» a confié Me Salif Béavogui, avocat du général Nouhou Thiam. Cet officier toujours au gnouf, sans jugement ne figurait pourtant pas parmi les personnes jugées par la cour d’assises de Conakry car il est poursuivi avec trois autres officiers supérieurs de l’armée devant un tribunal militaire. Un tribunal qui ne vient jamais. Déjà, les avocats de la défense, au nombre de quinze, ont estimé que ce dossier est vide et que c’est un pur montage. Mais sans compter sur les magistrats aux ordres comme Williams Fernandez et Cie.
Depuis, beaucoup a coulé sous le pont : règlements de compte à outrance, justice aux ordres, violation des droits humains, détention illégale, morts d’hommes, etc. Le tout à l’actif d’Alpha Condé, revendiquant quarante ans de combat pour la démocratie, une démocratie qui suppose respect des droits humains et des libertés fondamentales. Allez-y savoir comment vivent Fatou Badiar, Nouhou Thiam et les autres. « Je lui ai fait savoir (NDLR, Condé) qu’on peut parler de tout sauf du sujet concernant l’attaque de son domicile, parce que je considère cela comme un montage et un règlement de compte », a dévoilé Sydia Touré. Cette déclaration intervient au moment même où des voix s’élèvent pour exiger la libération des détenus.
« Ces détenus sont détenus de façon illégale. C’est l’Etat qui doit respecter les codes. Si nous étions dans un Etat de droit les détenus seraient libérés. Mon travail est aussi de dire ce qui ne va pas. C’est une forme de frustration que de voir mon département ne pas pouvoir prendre de grandes décisions. Le reproche le plus classique, c’est l’impunité suite à la violation des droits de l’Homme. On doit absolument accentuer nos efforts dans la lutte contre l’impunité. » Le ministre Gassama Diaby était jeudi sur les ondes d’une radio locale. Il a exprimé tout son désarroi quant à la détention illégale de certains hauts gradés de l’armée ainsi que d’autres anonymes moins célèbres. C’est en effet la énième fois que Gassama Diaby monte au créneau pour dénoncer cet état de fait.
Plus récemment, la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LIGUIDHO) et la Fraternité des Prisons de Guinée (FPG) informent l’opinion nationale et internationale de la violation flagrante par les autorités guinéennes des principes élémentaires qui régissent un procès équitable et dont sont victimes 5 officiers de l’armée guinéenne qui croupissent en prison depuis le début du mois d’août 2011, sans jugement. Aujourd’hui, dans les prisons de Condé, des décès, il y en eu, des malades en phase terminale, il y en a, des condamnés, il doit y en avoir. C’est cela la justice, la vraie, avec le premier président démocratiquement élu dans cette partie de l’ouest africain : la Guinée. Pauvre de nous.
Jeanne Fofana, www.kababachir.com