Alors que certaines informations faisaient état de son audition prochaine par le pool des juges en charge du dossier du 28 septembre, l’ancien ministre de la jeunesse et des sports, Fodéba Isto Kéîra, a coupé ce matin sur les ondes sur une radio privée de la place, en précisant qu’il a été déjà entendu, depuis le16 septembre dernier. Mais il n’y a pas que cela qu’il ait dit dans cette intervention.
S’il est intervenu, ce serait pour remettre les choses en ordre contrairement aux « informations erronées et caduques » qui évoqueraient son audition pour les prochains jours. Par ailleurs, il a tenu à préciser qu’il a été entendu à titre de témoins. Parce qu’autrement, « j’ai la conscience tranquille par rapport à ces événements », a-t-il ajouté. Bien que disant ne pas vouloir trahir le secret de l’instruction, l’ancien ministre aura tout de même tenu à rappeler que dix jours avant les malheureux événements, il avait, profitant d’une conférence de presse dans un hôtel de la place, notifié n’avoir pas encore été officiellement saisi pour l’organisation de la manifestation des forces vives dans l’enceinte du stade du 28 septembre. D’autant plus que ledit stade, était en travaux pour abriter un match éliminatoire de la CAN et de la coupe du monde 2010, opposant le Syli national de Guinée aux Etalons du Burkina Faso.
S’il se dit serein et a la conscience tranquille, il faut avouer que cela ne transparaît pas dans ces informations qu’il a données. Autrement, il aurait fait comme tous ceux qui ont été cité dans le dossier et qui auront été entendus. Même Dadis, après son audition par la commission rogatoire, le 23 juillet dernier, n’aura rien dit de son entretien avec les juges. Fodéba Isto Kéira use d’une stratégie déjà éculée, à savoir mettre en cause les organisateurs parce que la manifestation n’aurait pas été autorisée. On en est plus à ce niveau. Il est depuis très longtemps établi que les manifestants exerçaient un droit constitutionnel pour lequel rien n’autorisaient les bérets rouges à tirer à vue sur eux. En réalité, ce qui est reproché à Fodéba Isto Kéira, c’est le fait d’avoir éventuellement aidé à dissimuler les preuves du massacre en faisant nettoyer le stade, pour en effacer toutes les traces pouvant aider à savoir ce qui s’est réellement passé. La véritable question, elle est à ce niveau, et non ailleurs.
Anna Diakité, Kabanews