L’Etat n’a ni fait une déclaration d’intention, ni pour exhorter les familles des victimes au courage. Dalein Diallo, une des victimes de ces massacres, interpelle le président Condé.
Extrait : « Le devoir de l’Etat, en l’occurrence, est de rendre justice contre les crimes du 28 Septembre. Mais cinq ans sont passés. Cinq ans d’impunité. Cinq longues et lancinantes années dans lesquelles s’étale l’intolérable incapacité de notre administration judiciaire. Alors que les victimes attendent, impuissantes, que cette douloureuse page de notre histoire soit enfin lue. Elles savent, nous le savons tous, que la réconciliation est au prix de la vérité et de la justice. Cinq ans, c’est long. Long pour celui qui a perdu son père, son frère, sa sœur. Long pour celui dont les parents ont disparu et qui attendent de retrouver leurs corps, ou tout au moins l’endroit où ils sont ensevelis. C’est indiscutablement long pour celle qui a été violée et qui en porte les séquelles physiques et psychologiques. C’est le lieu de rappeler au Président de la République que le RPG était membre des forces vives. Le parti présidentiel faisait partie des organisations qui ont appelé les citoyens guinéens à ce rassemblement.
Le Président de la République est aujourd’hui doublement interpelé. D’abord hier, en tant que Président d’un parti membre du comité d’organisation de la manifestation, mais aujourd’hui, en tant que chef de l’Etat, garant du respect des droits de l’homme et de la sécurité des citoyens. Mais les Guinéens peuvent-ils lui faire confiance pour constituer l’ultime recours qu’il devrait être, alors que son régime perpétue la répression dans le sang des manifestations pacifiques et les assassinats ciblés ? Qu’attend la justice de la République pour agir dans les dossiers des cinquante-sept victimes de l’opposition républicaine ? Comment expliquer l’indifférence et l’impunité qui règnent encore face aux meurtres de Zogota, de Saoro et de Galapaye ? »
Les crimes se succèdent et se ressemblent en Guinée. La justice ne semble pas faire grand-chose.
Jeanne FOFANA, Kabanews