Alors que la situation entre pouvoir et opposition reste tendue depuis la publication du chronogramme électoral par la CENI, la visite du président guinéen à l’Elysée suscite beaucoup de réactions et est diversement appréciée à Conakry.
Si cette visite suscite de l’espoir chez les partisans d’Alpha Condé, qui y voient un soutien de l’ancienne Métropole au numéro un guinéen, l’opposition guinéenne pense qu’il s’agit d’une simple visite traditionnelle, comme tout autre dirigeant ou leader politique africain qui se rendrait à Paris.
Sydia Touré se dit surpris de voir le président guinéen régler les problèmes guinéens sur le perron de l’Elysée à Paris à travers une simple déclaration et que personne ne condamne cette attitude d’Alpha Condé.
Plus loin, le président de l’UFR s’interroge de quel sujet les deux Chefs d’Etats ont-ils échangé ? Car, poursuit le président du groupe parlementaire l’Alliance Républicaine, « J’ai vu l’entretien avec Hollande qui était avec au moins six de ses conseillers avec des dossiers devant eux. J’ai vu du côté de mon président tout seul avec je crois un ambassadeur. Il n’avait pas un bloc-notes. Alors, le problème était de savoir de quoi on devait parler. J’ai vu les gens ranger tranquillement leurs dossiers puis sortir. » Ironise le président de l’UFR.
Voici un extrait de la réaction de Sidya Touré :
« Je suis extrêmement surpris parce que, la fois dernière quand nous avions signé notre déclaration à Paris, j’ai entendu tout le monde s’égosiller pour nous reprocher d’avoir pris nos décisions à Paris. Je n’ai entendu personne condamner le fait que le président de la république de la Guinée réglait les problèmes de la Guinée sur le perron de l’Elysée à Paris. On attend que le président soit au perron de l’Elysée pour venir parler de la situation de son pays et déclarer clairement en fait qu’il ne va pas bouger sur sa ligne. Par-là, nous avons compris que la CENI ne jouait aucun rôle et que les décisions étaient prises ailleurs.
La deuxième chose qui m’a surpris mais je ne sais pas si tout le monde a regardé la télévision. J’ai vu l’entretien avec Hollande qui était avec au moins six de ses conseillers avec des dossiers devant eux. J’ai vu du côté de mon président tout seul avec je crois un ambassadeur. Il n’avait pas un bloc-notes. Alors, le problème était de savoir de quoi on devait parler. J’ai vu les gens ranger tranquillement leurs dossiers puis sortir. L’objectif de la visite était tout simplement de faire une déclaration, et non pas de travailler avec les français pour savoir sur quoi nous devons avancer pour aider notre pays sur des sujets aussi sensibles. Tous ceux qui dénoncent la présence des opposants à Paris sont ceux qui se gaussent aujourd’hui comme quoi la France les soutient. Mais quand il y a des problèmes dans un pays et que vous avez des pays étrangers vous approche, la seule chose qu’ils peuvent dire, c’est de retourner à la table de dialogue pour trouver une solution, ils ne peuvent pas dire autrement. Mais le fait de dire cela ne signifie pas qu’on a pris partie pour les uns contre les autres, cela n’a rien à voir.
De toutes les façons, le problème ne se pose pas en ces termes. Si le mandat des élus sont échus en Guinée, il appartient aux guinéens de renouveler leur mandat. Je ne vois personne qui viendrait me dire de laisser cette situation et que cela n’a pas d’importance parce que ce n’est pas ce qui se passe chez eux. Donc, le fait que l’Elysée dise qu’il faut aller au dialogue ne signifie en aucune manière que la France a pris position dans un tel débat. Ce qu’elle ne se permettrait pas de faire d’ailleurs ».
Abdoul Wahab Barry, www.kababachir.com