Amadou Diouldé Diallo, Journaliste sportif :  »Le combat d’idée, je le mènerai ici pour dénoncer les dérives du pouvoir d’Alpha Condé… »

Radié de la Fonction publique guinéenne, le désormais ex-Chef service sport à la RTG de Boulbinet, Amadou Diouldé Diallo, journaliste sportif et Vice-président de l’Union des journalistes sportifs Africains, s’est confié à notre rédaction.

Dans cet entretien exclusif, notre confrère promet qu’il continuera à mener le combat d’idée pour dénoncer les dérives du pouvoir du président Alpha Condé et n’exclut pas de
descendre dans l’arène politique, pour l’alternance en 2015.

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Kababachir.com : Bonjour Monsieur Diallo

Amadou Diouldé Diallo : Bonjour

Des informations circulent à Conakry faisant état du blocage de votre salaire. Est-ce vous nous confirmez avoir été radié de la fonction publique guinéenne ?

Oui, je confirme, parce que ça fait deux mois je n’ai pas de salaire !

De quoi on vous reproche concrètement ?

Le motif évoqué par le ministre de la Communication dit que c’est pour abandon de poste. Ce que je ne confirme pas, parce que moi je n’ai jamais abandonné mon poste. J’étais Chef de service des sports à la RTG Boulbinet. Quand j’ai des déplacements, parce que j’ai des obligations à l’international, je confie l’intérim. Tout le monde sait que quand je suis à Conakry, plus tard à 7 heures je suis à mon bureau. Mais la réalité est tout autre, c’est un argument. Si c’est le cas, il y a combien des fonctionnaires guinéens qui ne sont pas à leurs postes, qui vivent même à l’étranger depuis une vingtaine d’années. Tous ceux qui sont à Conakry qui ne sont pas à leur poste ne vont pas être renvoyés de cette manière. La vérité, vous la connaissez, elle est politique. Depuis que je suis venu dans les « Grandes Guelles » parler de la rénovation du palais des nations et je dis que c’est le Général Lansana Conté qui avait rénové le Palais des nations à hauteur de 80 pour cent. Alpha Condé n’a fait qu’achever cette rénovation à hauteur de 20 pour cent. . Mais puisque ceux qui ont engagé le palais des nations l’ont pris à zéro pour cent (ça je ne sais pas si Alpha Condé est au courant ou pas), alors qu’il était rénové à 80 pour cent, il ya eu détournement. C’est ça le fonds du problème, voilà tout le problème ! Si on dit que j’ai insulté le président de la République, mais le président de la République n’a qu’à porter plainte contre moi, c’est aussi simple que ça.

Vous n’êtes pas tendre avec le régime du Pr Alpha Condé, est ce que c’est parce que vous n’avez pas été promu à un poste de responsabilité?

Non ! Moi je suis un croyant, je n’ai jamais cherché un poste et essayer l’impossible. J’ai été journaliste sportif depuis l’école primaire jusqu’aujourd’hui. Et le journalisme sportif m’a tout donné. J’ai couru dans mon couloir comme on le dit, j’ai travaillé pour toutes les stations de radio RFI, BBC, Africa N°1, j’ai fait tout ce travail, Je suis membre de la Commission média de la Confédération Africaine de Football (CAF), je suis aujourd’hui Vice-président de l’Union des journalistes sportifs Africains depuis 10 ans, qu’est ce que vous voulez que je cherche encore ? Moi je pense que la presse sportive m’a tout donné. J’ai été Chef service sport à la RTG Koloma et la RTG de Boulbinet. Donc, je ne pense pas que ça soit lié à cet état de fait, non pas du tout !

La raison, vous la connaissez très bien, ce que ce dernier temps j’ai décidé de sortir de mon cadre simplement pour des faits historiques pas politique. Quand le Pr Alpha Condé et son ministre de l’Administration du territoire, Alassane Condé ont inventé le Manden Djallon pour diviser les fils du Fouta. Si vous avez été à l’école, vous n’avez jamais entendu parler de Manden Diallo, vous avez plutôt entendu parler de Fouta Djallon. Manden Djallon ça veut dire que les peuls ne sont pas pris en compte dans ce pays, ça confirme parce qu’Alassane a dit récemment haut et fort que les peuls sont nés en Guinée, mais ils ne sont pas des guinéens. Donc il y a une logique du régime Alpha Condé à faire la négation des peuls dans ce pays, à les stigmatiser, à les discriminer. Moi le constat que j’ai fait personne ne m’a démenti jusque là, et qu’il avait un problème créé par Alpha Condé et son régime pour diviser les fils du Fouta entre les Roundés et les Missidés.

Le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation va jusqu’à délivrer l’agrément à l’Association des Roundés au Fouta. Dites-moi en réalité, si j’évoque ça, si fais de la politique ou si je fais de l’histoire.
Ensuite, l’attribution de la fête de l’indépendance. Quand le président était à Boké, il a dit la prochaine fois ça sera à N’Zérékoré. Mais quand il était à N’Zérékoré, il n’a rien dit. Il a fallu que quelqu’un le rappelle, mais président vous n’avez pas dit la ville qui va accueillir la prochaine fête de l’indépendance, il l’a dit d’ailleurs en marchant, « ça sera au Fouta ». Or, il ya deux régions au Fouta, c’est Mamou et Labé. Il est resté sous silence. Il se dit comme je dis au Fouta, ils viendront me voir à Sékhoutouréya afin que je désigne la ville hôte. Mais il n’a vu personne. Ni Labé, ni Pita, ni Mamou, ni Dalaba, aucun n’a bougé le Fouta pour venir le voir dire vous avez dit le Fouta nous voulons que ça soit nous. Après désespoir de cause, il a dit ça sera Mamou. Là aussi, il a pensé qu’en disant Mamou, Labé allait s’opposer, mais dès qu’il a dit Mamou, Labé fut la première ville du Fouta à envoyer une délégation à Mamou pour dire nous sommes contents que ça soit Mamou.

Que répondez-vous à ceux qui y voient vos dernières sorties médiatiques « une main de l’opposition » pour déstabiliser le pouvoir en place, parce qu’en tant que journaliste sportif, c’est maintenant qu’on vous entend parler de la politique?

Oui, on dit que je suis journaliste sportif, je ne sais pas dans quelle école de journalisme eux ils ont appris que quand on est journaliste sportif on ne doit parler que du sport. Voilà il y a une compartimentation des journalistes selon leur spécialité. En tout cas sous la première République, il n’ya personne qui est sortie d’une école de journalisme. Moi qui vous parle, j’ai enseigné 5 ans, je suis professeur de Français. Il n’y avait pas d’école de journalisme sous Sékou Touré. Il y a même des mathématiciens qu’on amené à la radio pour parler, qui ont écrit. Donc il n’y a même pas de dire ceux qui ont choisi d’être journaliste sportifs, ainsi de suite. Mais ce n’est pas tout ça le problème. C’est un citoyen qui devient journaliste sportif. Or, la Constitution consacre l’égalité en droit et en devoir de l’ensemble des citoyens d’être libre expressément. Donc c’est le citoyen Amadou Diouldé Diallo qui parle, mais n’oubliez pas sur la liste c’est ma deuxième casquette. Je suis Professeur de Français, je suis littéraire et je suis historien. Donc quand les faits historiques sont là, on dit que je parle de la politique. Je parlerai de la politique parce que désormais je vais descendre dans l’arène politique maintenant parce que telles que les choses se passent, je suis victime d’injustice, je vais descendre dans l’arène politique ou je vais créer un parti politique ou je vais adhérer à un parti ou je vais créer un mouvement contre Alpha Pour l’alternance en 2015.
Que personne ne pense que les ennuis là vont m’amener à quitter le pays je ne fuirai jamais la Guinée. Je préfère l’enfer de la Guinée que le paradis d’ailleurs. Ça fait 30 ans que je voyage, je suis dans l’avion, mais je suis toujours revenu. Je suis né ici, je n’ai jamais passé 3 mois à l’extérieur de la Guinée. Je suis là, le combat d’idée pas le combat d’épée, le combat d’idée je le mènerai ici pour dénoncer les dérives du pouvoir parce que la nation est en danger par la faute de la gouvernance d’Alpha Condé.
Le guinéens sont des frères, peu importe leur région, peu importe leur ethnie, peu importe leur religion. Alpha Condé en tant que président de la République a mission de rassembler les guinéens, de les unir, même dans la pauvreté mais de les unir quand même, de leur donner la même chance dans l’administration

Maintenant que votre salaire est bloqué comptez-vous saisir la justice pour rentrer dans vos droits ?

Mais c’est inutile ! Vous allez saisir la justice, elle va faire quoi ? Vous avez vu sur une décision présidentielle la justice s’est prononcé, je vous donne l’information en réalité. Il y a eu une réunion à la présidence, c’est mon nom qui était à l’ordre du jour. Qu’est ce qu’il faut faire avec lui. On a dit si on porte plainte contre lui parce qu’il a insulté le Chef de l’Etat, c’est un littéraire, plusieurs littéraires sont là. Il faudra prouver dire à quelqu’un qu’il a menti est une injure, il faut prouver de par la grammaire. C’est là où je ne suis pas d’accord avec lui. Si je fais outrance au Chef de l’Etat c’est la justice qui doit trancher. Il ne s’agit pas de couper le salaire. La première mesure, ils ont dit si on va en procès et s’ils n’ont pas prouvé qu’il y a eu diffamation et toute la corporation va être solidaire à Amadou Diouldé Diallo, Reporteurs Sans Frontières, tout le monde va avoir les yeux sur la Guinée. Et on dira que le régime d’Alpha Condé ne respecte pas la liberté de la presse. Et puisqu’il est à l’international, on risque de médiatiser à l’international le procès, ça ne sera pas bon pour le régime. Donc trouvons un moyen de le faire taire. S’il ne se tait pas on va l’éliminer. Donc on va couper son salaire d’abord et il sera radié de la fonction publique. S’il prend peur, s’il fait marche arrière en venant vers nous, c’est-à-dire, je ravale ce que j’ai craché, en ce moment ont me dit ne répète plus c’est fini. S’il ne le fait pas, il continue, on va l’éliminer.
Hier, il ya une fille du nom de Hassanatou qui m’a appelé elle me dit je vous connais mais vous, vous ne me connaissez pas je vous invite à prendre quelque part un pot. Je dis moi, elle dit oui parce que je vous aime bien j’aimerais bien prendre un pot avec toi. Je dis Mademoiselle, moi je suis un homme marié, je suis même un grand père à l’heure où je vous parle. Vous, vous voulez qu’on me voit avec vous dans un bar ou dans un restaurant en train de prendre un pot. Elle s’est même mise à pleurer, si vous ratez ça, je perds l’amour de ma vie. Je dis Mademoiselle, moi je ne mange que chez moi. Je ne mange pas ailleurs, personne ne me voit dans un restaurant. Je ne suis pas un enfant de bar et de maquis, moi je suis un enfant de ma maison. C’est l’éducation que j’ai reçue. Donc , vous voyez déjà la politique qui est mise en place de passer par cette fille là pour m’amener dans un coin quelque part avec les gens du RPG qui cherchent ma tête pour dire voilà, on l’a vu avec une fille, c’est là où les choses ont dégénéré ainsi de suite. Mais moi je suis là, je ne change pas mes habitudes, je ne change pas mon agenda je sais que je suis dans leur viseur. La deuxième option c’est de m’éliminer physiquement, mais moi j’attends je ne sortirai pas la Guinée. S’ils me tuent aujourd’hui, ils ne me tueront pas demain. Mais cela ne veut pas dire qu’eux ils ne vont pas mourir demain. Je suis là et je continuerai à dénoncer.
La justice, je ne porterai pas. L’opposition a porté plainte à la plus haute juridiction du pays, la Cour Suprême a dit quoi, nous, on est incompétent pour traiter le dossier. Cellou Dalein Diallo a porté plainte contre Alassane Condé pour des propos racistes et ethnocentristes quand il dit que les peuls sont nés en Guinée, mais ils ne sont pas des guinéen s. Mais lui il est de Kindia ici, est ce que Kindia est chez les Condés ?Il n’a qu’à se pourvoir et revoir ses leçons d’histoire.

Je porterai, pas plainte parce que la justice ne tranchera jamais, la justice est aux ordres d’Alpha Condé. Je suis croyant, je m’en remets à Dieu, il n’ya de justice que la justice Divine, il n’y a de Dieu que Dieu, tout le reste c’est faux. Je suis là je continue à mener ma vie, je suis né dans une famille, je suis marié à des familles, des familles sont mariées dans ma famille, j’ai des amis, j’ai tout. J’espère que tout ça réuni ça ne m’empêchera pas de vivre sans mon salaire. Et si cela arrivait, j’ai la petite concession de mon père à Télémélé, je peux aller mettre une culture de manioc pour trouver quoi manger, mais je ne ferai pas marche arrière à moins qu’Alpha Condé change dans la gestion de la Guinée et il qu’il prenne en compte sur le même clavier tous les fils de la Guinée en cessant de stigmatiser la communauté peule et en la discriminant.

En votre qualité de journaliste sportif, un mot sur la coupe du monde qui démarre le 12 juin prochain au Brésil
C’est très triste, la coupe du monde se joue au Brésil qui est la nation de football au monde, mais avec des problèmes sociaux parce vous savez, le Brésil, c’est la 6ème puissance économique du monde. Mais il y a beaucoup de pauvres, on estime donc que tout l’argent qu’on a mis devrait servir à régler, mais ils ne voient pas l’image de cette coupe du monde pour le Brésil parce que c’est d’autres qui peuvent dire on organise la Coupe du monde si c’est le Brésil, le foot est le roi là bas, c’est-à-dire, presque le foot est une religion. Ça va être très difficile mais tout ça on est en train de régler.
Sur le plan technique, il y a beaucoup de joueurs qui sont blessés parce que les championnats sont rugueux ce qui va diminuer le rendement de certaines équipes.
C’est vrai que le Brésil a déjà organisé une Coupe du monde qu’il a perdu à Maracana, je pense que le Brésil a aujourd’hui les armes et les munitions pour gagner la Coupe du monde à la maison. Mais il faut faire attention parce que l’Espagne est là c’est le pays qui détient la Coupe du monde, elle peut se succéder à elle-même. D’autres pays comme les Pays Bas peuvent toujours faire mal, mais ceux qui est de la participation Africaine je suis relativement inquiet parce que la Côte d’ivoire, c’est un peu l’abondance qui nuit. C’est une génération fabuleuse, mais qui n’a jamais rien eue, elle est pratiquement au bout du rouleau, je la vois pas aller loin. Tout comme le Cameroun, même s’il y a eu une nouvelle injection des jeunes vous voyez c’est douloureusement même que le Cameroun s’est qualifié, par ricochet, il était même absent de la Coupe d’Afrique des nations, sans compter l’usure des joueurs dans les championnats Européens. Vous prenez l’Algérie, elle s’est qualifiée au dépend du Bourkina Faso douloureusement aussi. Donc vous voyez déjà le niveau de l’Algérie. Je pense que le Ghana et le Nigéria peuvent faire bonne figure et meilleure prestation par rapport aux trois autres équipes Africaines, à cause de l’effectif, à cause de la vivacité et de la créativité des deux équipes et surtout à cause des certains talents individuels.
En attendant, c’est la daba qui va rimer avec le foot, on aimerait bien être de ce côté-là pour vivre ces moments intenses d’émotions, mais à défaut, la planète va tourner et la possibilité sera offerte à tout le monde pour vivre le jungle de ce fabuleuse coupe du monde, la plus grande manifestation footballistique du monde.

Nous sommes au terme de notre entretien, avez-vous un dernier message à lancer

Mon message est celui d’unité, et de solidarité. Notre devise, c’est travail justice solidarité. Il faut que le président de la République se sente le président de tous les guinéens. Qu’il cesse d’exclure la communauté peule de la gestion des affaires de ce pays. Qu’il se considère comme le président des tous les guinéens, il n’est plus le président du RPG. Il est le président de la République de Guinée, tous les fils de Guinée. De Conakry jusqu’à Yomou tout le monde doit avoir les mêmes chances d’emplois, les mêmes chances de promotion, les mêmes chances de vie et de survie. Que les guinéens refusent la division, que les guinéens refusent l’exclusion, que les guinéens, au delà de leur différence, qu’ils se nourrissent de cette différence pour s’enrichir de cette différence pour obtenir l’uniticité. Que la diversité des langues soit un serment pour l’uniticité de langage, que les guinéens refusent la division de politiques et des politiciens, qu’ils se donnent la main. Qu’on se dise encore une fois, il y a deux cent ethnies en Côte d’ivoire, il y en a plus au Cameroun mais la nation, elle est là. On n’a pas 10 ethnies en Guinée. Voilà où nous en sommes. On se souvient du Libéria, de la Sierra Léone, du Rwanda pour se dire que nous devons nous donner la main même dans la pauvreté, mais si nous sommes unis et solidaire, nous restons une nation forte. Mais cela incombe encore une fois, le président de la République le Pr Alpha Condé. Il ne faut pas qu’il fasse le militantisme, mais qu’il fasse de la citoyenneté. C’est le citoyen qui passe ce n’est pas le militant, c’est le citoyen qui devient militant. S’il cherche de militant, il n’a qu’à aller chercher sur la base de son programme qu’on cherche à convaincre des gens d’adhérer au RPG sur la base du programme du RPG, sur la base de l’engagement du président de la République, mais que pour chercher des militants, qu’il ne cherche pas à détruire les fondements de la nation, particulièrement à détruire le fondement de la Communauté peule du Fouta Djallon, fondements sur les quels reposent l’unité des cœurs des bras des ses fils tout confondu. Il n’ya pas de peul, tous ceux qui habitent le Fouta, je le dis encore une fois, sont de Fouta, tous ceux qui habitent la Guinée sur 245 857 km2 ils s’appellent des guinéens, au-delà de leur différence, au-delà de leur lieux de naissance, au delà de leur lieu de travail. C’est ce que nous devons encourager et stimuler pour que la Guinée reste encore débout.

Propos recueillis par Abdoul Wahab Barry Kabanews

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