Les Archives nationales ont désormais un directeur. Le décret est lu mardi soir sur les ondes des médias d’Etat nommant à ce poste l’ingénieur, archiviste et consultant, Seydouba Cissé. La direction des Archives nationales est un service rattaché à la Présidence de la République. Elle a entre autres missions de collecter les différents documents historiques du patrimoine des Guinéens.
Il reste que les Archives nationales, cette structure rattachée directement à la Présidence de la République ne semble plus jouer son rôle de mémoire de la République. Les documents et autres actes du pouvoir central sont rencontrés ici et là à travers des caniveaux, des poubelles ou ailleurs. Ça n’intéresse personne, sinon presque. Peut-être parce les archives ne sont pas dans la culture de l’administrateur guinéen. Peut-être aussi, faute de cadre juridique et réglementaire qui régit le secteur, nul ne se semble en faire un petit souci. C’est pourquoi, certains professionnels craignent la disparition pure et simple de la mémoire de la République enfouie jusqu’à récemment à côté du ministère de la Jeunesse, dans un local inapproprié, inadapté. La Bibliothèque nationale de Sandervalia dont les documents étaient encore jusqu’à récemment éparpillés dans un local insalubre au Palis du peuple est tout aussi à l’abandon. Pour les chercheurs, c’est un véritable casse-tête de consulter – si on trouve ce dont on à besoin – un support didactique, une reliure de journaux coloniaux, de Liberté, devenu aujourd’hui Horoya, le quotidien national d’information, de Guinée matin, piloté à un moment donné par Sékou Touré, etc. Ne pensez surtout pas à la Bibliothèque centrale de l’Université de Conakry, au bâtiment principal.
Le réceptacle de tous les mémoires d’études supérieures est en lambeaux. Les rayons étroits obscurs ne facilitent guère d’atteindre l’objectif visé par ce service. Petite anecdote, récemment, on eu besoin de trouver le cadre juridique et réglementaire de la presse coloniale. Aucune trace dans les journaux ou bouts de feuilles jetés çà et là. Des fouilles au niveau des Archives nationales, à la bibliothèque de l’Université, puis à la bibliothèque nationale ne nous ont pas permis de trouver le moindre indice. Ce cas parmi tant d’autres en dit long sur la perte de la mémoire guinéenne.
C’est certainement conscient de cela qu’au niveau des Archives nationales Alpha Condé a récemment invité le gouvernement « à apporter un appui au secrétariat général du gouvernement pour mettre en place un programme de numérisation et de gestion électronique des archives nationales. » C’était au cours du conseil des ministres de la semaine dernière. Numérisation, vous avez dit ? On se demande vraiment que reste-t-il de notre mémoire.
Seulement, avec cette volonté affichée, on pourra certainement sauver ce qui peut l’être. Le reste est tout simplement foutu, à cause de la négligence et l’absence de la culture des archives en Guinée. Ce qu’il faut d’avantage déplorer, c’est qu’à un moment donné, des cadres qui ont géré nos archives ont tout ou presque transféré chez eux, aménageant à cet effet, une bibliothèque bien riche. Sidiki Kobélé Keita en sait quelque chose, car, actuellement, toute la mémoire guinéenne est à l’IFAN de Dakar.
Jeanne FOFANA, Kabanews