Banlieue de Conakry: le chaos s’est installé à la Cimenterie

Depuis hier, jeudi, c’est le chaos total qui règne à la Cimenterie, en haute banlieue de Conakry. Des jeunes soutenus par les forces de l’ordre pillent les magasins, les boutiques et s’attaquent aux maisons. Les groupes d’autodéfense constitués de jeunes du quartier tentent de sauver ce qu’ils peuvent, non pas sans risque de sacrifier leur vie.

Le matin, aux environs de 8 heures, la circulation avait normalement repris, mais des jeunes ont barricadé peu après la route qui mène à la T7 (Sonfonia), causant la reprise des affrontements.

Des jeunes armés de machettes dictent leur loi sur cet axe. La police et la gendarmerie patrouillent mais ne font rien pour rétablir l’ordre. Des gaz lacrymogènes ont été jetés dans les concessions environnantes. Les citoyens sont pour la plupart enfermés dans leurs maisons. Les écoles ont libéré leurs élèves.

Le fait nouveau qui caractérise les récentes manifestations de l’opposition dans la capitale, c’est l’implication de jeunes dont on ne sait pas grand-chose de leur identité et qui travaillent main dans la main avec les services de sécurité. Pendant que ces « contre-manifestants » dévalisent les magasins situés le long du tronçon T8-carrefour Cimenterie, les agents de la police et de la gendarmerie montent la garde pour empêcher  les propriétaires de chasser les pilleurs. A plusieurs reprises, les flics ont tiré en l’air pour les éloigner de leurs commerces.

Pour la seule journée du 7 mai 2015, ce sont plus de dix magasins qui ont été vidés de leur contenu avant d’être mis à feu. Une concession a été complètement calcinée. Vu ce qui se passe dans le quartier, les dégâts matériels seront considérables.

On déplore également des blessés et plusieurs arrestations. A 11 heures, les forces de sécurité continuent les incursions dans les domiciles privés à la recherche des jeunes ‘favorables à l’Union des Forces Démocratiques de Guinée’, en cassant tout dans leur passage (renversant les marmites, arrachant les téléphones portables).

A l’allure où vont les choses, ce qui doit être une crise politique entre Alpha Condé et ses adversaires est en train de se transformer en conflit ethnique. Les victimes sont ciblées en fonction de leur origine.

D’autres quartiers situés le long de la route Le Prince passent des heures pénibles en ce moment. Hier soir, un citoyen a été froidement abattu devant sa boutique par des hommes en uniformes à Hamdallaye. Un nourrisson qui a reçu une dose de gaz lacrymogènes est décédé à Koloma.

La répression barbare qui s’abat sur les habitants de l’axe Hamdallaye-Cimenterie a eu raison de la rencontre qui était prévue aujourd’hui à Sekoutoureyah entre le président Condé et le chef de file de l’opposition qui, en accord avec ses pairs, a décidé de bouder le tête-à-tête qui apparaissait comme un début de décrispation. A l’UFDG, on exclut pas que les deux hommes se retrouvent dans les jours à venir. Mais pour l’heure, les quartiers de la haute banlieue de Conakry sombrent dans une violence aveugle.

Thierno Diallo, www.kababachir.com

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