BASSE COTE-ALPHA CONDE : Le divorce est-il consommé ?

On comprend un peu mieux la panique qui s’était emparée de certains leaders de la Basse Guinée, au lendemain du discours de Cellou Dalein Diallo à Chicago. Sidya Touré notamment avait dit que la région n’est pas un gâteau que l’on peut se partager. Mais avec le recul, même la pertinence des propos du leader de l’UFDG demeure toujours discutable, on se cependant si, dans le fond, il n’avait pas raison. Un deal n’aurait-il pas été scellé entre lui et la coordination de la région côtière ? Certains éléments incitent à répondre par l’affirmative. Ce qui signifierait un divorce entre cette même coordination et le pouvoir actuel.

 

Le premier indice qui laisse croire que le leader de l’UFDG n’avait pas nécessairement tort, c’est bien le silence des responsables communautaires de la Basse Guinée. Depuis Chicago, tous ceux qui ont fait de l’agitation sont davantage des politiciens qui, en réalité, réalisent qu’ils pourraient être privés de leurs bastions classiques. Autrement, personne n’a démenti les allégations de Cellou Dalein Diallo. Or, qui ne dit mot, consent ! L’autre élément, c’est une interview que le médiateur de la République, Facinet Touré, grand artisan du deal de 2010, entre le candidat Alpha Condé et l’autorité communautaire de la Basse Guinée. Dans cet entretien récemment accordé à une radio privée de Conakry, l’ancien compagnon de feu le général Lansana Conté avait clairement dit que si l’aventure était à refaire, il ne la referait pas. Il est même allé jusqu’à dire qu’en réalité, il aurait été entrainé là-dedans le collectif des imams de la Basse Guinée. C’est ce qui, à ses yeux, expliquerait la nomination de Mohamed Saïd Fofana au poste de premier ministre. Sa déception, il la justifie par le fait que le chef de l’Etat n’aurait pas du tout respecté le contenu de l’accord qu’ils avaient signé. Pour preuve, il le cite le fait qu’en quatre ans, il n’a pas réussi à prêter serment en tant médiateur de la République, parce qu’à chaque fois qu’il a posé le débat, le président Alpha Condé, invoquant une excuse, la repoussé.

Les conclusions de la réunion de la coordination de la Basse Guinée du dimanche dernier sont à inscrire dans le même registre. Prenant très au sérieux les allégations de l’honorable député, Aboubacar Soumah qui se dit en proie à une traque de la part du pouvoir, du fait de son engagement politique aux côtés de Cellou, le peul, la Coordination s’érige en avocat de la victime. De fait, elle ne se limite pas à la désapprobation formelle. Elle va jusqu’à exiger de l’Etat une clarification de cette affaire. Enfin, il promet de porter plainte. Toutes ces décisions, les responsables communautaires de la Basse Guinée les prennent de manière très affirmée, au vu et au su de tout le monde. C’est dire que le choix et les options sont assumés.

 

Naturellement, il est possible que les choses évoluent ou que les consignes ne soient pas suivies. Mais sur la base de ces éléments, il est clair qu’au stade actuel des choses, l’élite de la Basse côte est plus proche de Cellou Dalein Diallo que du président Alpha Condé. Pour autant, Cellou Dalein Diallo avait-il à révéler au grand public ? Ça c’est une autre.  

Anna Diakité, Kabanews

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.