Mouctar Bah (AFP, RFI) est loin de finir avec ses peines en Guinée. D’un côté, le ministre Makanéra de la Communication l’égratigne, en brandissant des correspondances sans suite, de l’autre côté, c’est Alpha Condé lui-même qui insiste pour faire taire celui-là même qui a failli laisser sa peau avec ses câbles, lorsqu’Alpha Condé était en taule.
Aujourd’hui, Mouctar Bah gêne. Aujourd’hui, Mouctar Bah est sans accréditation. Mais Mouctar Bah résiste et envoie parfois de câbles. Cela irrite Sékhoutouréya. Même si, à la veille de la visite de François Hollande à Conakry son locataire dit qu’il ne lit pas les journaux, qu’il ne surfe pas sur Internet, qu’il n’écoute pas les radios. Et de conclure : « Ils peuvent écrire tout ce qu’ils veulent, cela n’a aucune importance. Je ne serais pas du tout influencé par les journalistes qui font du n’importe quoi. » Le président guinéen parlait certainement de médias occidentaux (RFI, notamment dont le correspondant Mouctar Bah, indésirable est toujours sans accréditation). A travers cette friction, Alpha Condé renvoie paitre toute une corporation, y compris ceux-là même qu’il a invités pour leur cracher dessus.
Selon lui, « Il faut que les journalistes se mettent en règle. Il y a trop d’anarchie en Guinée. Toute la pagaille qui est là, on va y mettre fin. Je m’en fous de ce que Reporter sans frontières va écrire. » Le dimanche dernier, sur RFI et TV5, Alpha Condé revient à la charge en indiquant qu’en Guinée, aucun journaliste n’a été arrêté et aucun journal n’a été interdit. Et de poursuivre : « Ceux qui font ce classement (RSF, NDLR), je ne sais sur quoi ils se basent. » Nous, de la corporation on sait, M. le président !
Jeanne Fofana, www.kababachir.com
