En tournée dans la région, Alphonse Charles Wright était mercredi en visite de courtoisie chez le grand imam de Kankan, El hadj Karamo Bangaly Kaba, avant de se rendre chez monseigneur Alexis Aly Tagbino.
Au cours des échanges collégiales entre le ministre et le grand-imam, le cas de Nanfo Ismaila Diaby, a été évoqué.
« Si Nanfo veut, il n’a qu’à prier en Chinois ou dans une autre langue. L’imam peut ne pas aimer mais moi je respecte ça. Mais si sa prière doit diviser au point d’entrainer des cas de morts, je le dis une fois de plus, personne ne sera tolérée. Ici, c’est la liberté de religion », a-t-il prévenu.
Face à l’imam de Kankan, Alphonse Charles Wrigth défend sa position : « Dieu dit que si vous aimez votre religion, respectez celle des autres. Vous ouvrez le Coran, vous parlez des versets mais la Guinée n’est pas un pays islamique. Puisqu’on n’a pas les mêmes croyances, donc mettons cela de côté. Je suis devenu musulman, parce que je crois à ce qui est dit, mais je dois respecter l’animiste, le chrétien et cela est aussi leur droit pour qu’il y ait la paix. On dit souvent que celui qui vole, il faut couper ses mains. Mais pourquoi nous ne le faisons pas ? Parce qu’on ne peut pas juger sur la base du coran. Tous mes enfants sont musulmans et moi je suis enfant de chrétien. Les droits de l’homme ne sont pas comparables aux lois du Coran, ni à celles de la Bible. Les droits de l’homme sont là pour qu’il y ait la paix. Les questions religieuses sont très sensibles et seul Dieu peut me juger. J’ai l’obligation de veiller au respect de cela en Guinée », a déclaré le Garde et Sceaux guinéen.
De son côté, le Chef religieux se veut clair: « Nanfo est un musulman en perdition. Dans un pays où la religion est normalement appliquée, il doit être tué. Dieu a dit dans ses saintes écritures que la prière doit être faite en arabe. Les droits de l’homme sont une invention humaine qui ne doit pas piétiner les lois divines » tranche le grand imam de Kankan.
Cette sortie controversée du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, a suscité des vives réactions au sein de la communauté musulmane.
Malgré les multiples réactions des Chefs religieux, des citoyens, la campagne de sensibilisation et les menaces, Nanfo Diaby, qui a même été emprisonné en 2022, continue à prier et à faire prier en langue nationale maninka.
Alfred Bangoura, www.kababachir.com