Comme il fallait s’y attendre le choix d’un opérateur technique pour la révision des listes électorales ne risque pas de se révéler une parade contre la méfiance qui règne entre les acteurs politiques. Bien que la très décriée, Waymark ait été visiblement écartée, les leaders politiques de l’opposition dénoncent leur exclusion du processus de recrutement du nouvel opérateur. En conséquence, ils disent ne pas exclure des arrière-pensées et des pièges dans le choix de Gemalto. De la part des acteurs politiques, ce n’est pas particulièrement surprenant. Mais il n’y a pas qu’eux seuls qui soient ici en cause. Les commissaires de la CENI, toutes tendances confondues, sont aussi du nombre des Guinéens dont le comportement risque bien de mettre le feu à la maison commune.
En premier lieu, il y a bien entendu, le président de l’institution, Bakary Fofana et, à ses côtés, tous ceux qui l’encouragent ou le soutiennent dans son approche cavalière et solitaire. Plus d’une fois, les membres de l’institution en charge de l’organisation des élections et du référendum en Guinée, ont promis qu’ils agiraient en impliquant les acteurs politiques, parties prenantes essentielles à processus électoral. Mais très souvent, ces engagements sont demeurés lettre morte. Faisant valoir une indépendance invoquée à dessein, ils rendent publiques des décisions fondamentales, à la surprise générale. Une telle attitude n’est certainement pas de nature à promouvoir la quiétude sociale. Car, le problème nait de l’absence de confiance et des soupçons partialité de la part d’un organe censé être indépendant.
Mais il n’y a pas que cette première catégorie qui est à blâmer. Ceux qui se réclament hypocritement de l’opposition sont peut-être plus dangereux. En effet, pendant que le premier groupe pose des actes contraires aux principes et aux règles qui régissent le fonctionnement de l’institution, ils se taisent. Jaloux des privilèges qu’ils tirent de leur appartenance à l’institution, ils ne disent rien, de peur de susciter une décrédibilisassions qui risque de les faire partir. Ensuite, intervenant opportunément de manière tardive, ils envahissent les médias pour dénoncer des dysfonctionnements à l’intérieur de l’institution. Ainsi, avec une telle ambivalence, ils donnent l’impression de vouloir du beurre et de l’argent du beurre. Ce qui n’a rien de responsable.
Anna Diakité, www.kababachir.com