Il provoque par-ci, défie par-là. Il expose son mentor de l’autre côté. Damaro Camara – c’est de lui qu’il s’agit – au passé très sulfureux semble aujourd’hui s’assagir avec une récente sortie faisant manifestement allégeance à Dalein Diallo. Une attitude, jusqu’à une date récente, inespérée.
Et pourtant, l’homme semble avoir rangé ses attaques et sa langue âcre. « Cellou Dalein Diallo est notre principal opposant mais c’est un ami, un collègue. Cela ne doit pas m’empêcher de l’appeler ou qu’il m’appelle pour qu’on puisse discuter de la Guinée et d’autres choses. Il faut que cette culture soit une réalité. On peut ne pas être du même bord mais nous ne sommes pas des ennemis. Plein de choses se règlent ici à l’Assemblée nationale, c’est souvent Aliou Condé et Damaro, qui se retirent pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Il cède sur un point, je cède sur un autre. Finalement, on remet le débat et on a une loi. Les choses se passent ainsi. Malheureusement, nous ne sommes pas nombreux à être dans cette logique. Chacun a un travail à faire dans son propre camp. Ce n’est pas insulter », déclare le député RPG, l’agitateur malhabile qui a eu maille à partir avec bien d’autres députés de l’UFDG (Gaoual, Aboubacar Sylla entre autres).
Pourra-t-on estimé que c’est une nouvelle page qui s’ouvre ? Rien n’est sûr. Au vu vraiment des velléités antérieures. On se rappelle, il y a peu, Damaro, le même avait qualifié de Dalein citoyen dans une forte odeur de le rendre infiniment petit, alors qu’il est chef de file de l’opposition, un statut reconnu par la Constitution, les lois de la République.
Cela, suite au report voulu par l’opposition à propos de la fameuse et curieuse main tendue d’Alpha Condé. Avec nos confrères de Guinée news, le président du groupe parlementaire de la majorité dit avoir regretté «qu’un citoyen, pour des raisons qui n’en valent pas la peine, décline l’invitation de la première institution du pays ». Un acharnement en somme qui n’a nullement de sens. Il est tellement aveuglé dans ses positions tranchées qu’il oublie que Dalein a été invité en qualité de chef de file de l’opposition et non en qualité de président de l’UFDG. C’est donc au titre d’une institution reconnue par les lois de la République que Dalein doit se rendre à Sékhoutouréya.
Papa Koly Kourouma en a eu aussi pour sa dose. Mais, il vite répliqué. Selon l’allié d’antan du RPG, faisant allusion au parti au pouvoir, « Les voyous et les délinquants sont dans les bureaux et dans les institutions. Ils parlent au nom du peuple et se font applaudir dans les quartiers alors qu’ils sont de véritables pollueurs de l’environnement politique. Ce qui entretient la persistance des crises ». Papa Koly disculpe ainsi les « les jeunes de l’axe hamdallaye-Bambeto-Cosa d’être des voyous et des délinquants, or ce ne sont que des désœuvrés. »
Récemment, au cours d’un entretien qu’il a eu avec des confrères, Papa Koly Kourouma réagissait à la sortie médiatique de Damaro traitant Dadis de diable. « Il est impoli de traiter le président Dadis de Diable. Le sieur Damaro est un loubard agitateur politique qui manque de courtoisie. Il ignore qu’en 2010 celui qu’il traite de diable était un allié qui a joué un rôle important pour la victoire du RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée, parti au pouvoir, Ndlr). Le traiter aujourd’hui de diable relève d’une immaturité politique ; surtout en cette période sensible où on doit charmer même les ennemis à plus forte raison un ancien allié. C’est pourquoi je pense qu’il doit être sanctionné pour cette dérive grave de conséquence ».
Dire donc que Damaro s’est assagi c’est certainement aller trop vite en besogne.
Jeanne Fofana, www.kababachir.com