Dr Ben Youssouf Keita: « Ebola existe en Guinée depuis 1982. Il est apparu à Madina-Oula, dans Kindia » (entretien)

Si l’on en croit l’honorable Ben Youssouf Keïta, médecin et chercheur de son état et sous le contrôle de Dr Ibrahima Boiro et compagnie, l’institut Pasteur de Kindia aurait découvert et contré le virus Ebola dans les années 80 en Guinée. Le virus serait apparu pour la première fois dans la Sous préfecture de Madina Oula à la frontalière de la Sierra Léone à deux reprises pour être jugulée par l’expertise locale appuyée par des experts soviétiques. Ce qui ressort de cet entretien accordé à notre reporter par Dr Ben Youssouf Keïta.

Le Diplomate : Vous affirmez que l’épidémie Ebola existe en Guinée depuis 1982 sur la base de vos recherches…

Dr Ben Youssouf Keïta : Effectivement, l’épidémie d’Ebola existe bel et bien en Guinée depuis 1982, c’est-à-dire six ans après son apparition en septembre 1976 au Zaïre. Il est apparu chez nous précisément dans la Sous-préfecture de Madina-Oula dans Kindia. Et comme vous le savez, à Kindia il y a l’institut de recherche scientifique de Pastoria très célèbre, à l’époque de la première et de la deuxième Républiques. Les Guinéens qui ont participé à la recherche de cette pathologie sont là et sont bel et bien vivants et il y’en a trois : MM. Baldé, Inapogui et Ibrahima Boiro.

Faites vous allusion à l’ancien ministre de l’Environnement, le professeur Ibrahima Boiro?

Je crois bien c’est de lui qu’il s’agit, par ce que quand j’ai demandé à certaines personnalités qui est Ibrahima Boiro, on m’a dit que c’est lui qui était le directeur de l’institut Pasteur. Il fut d’ailleurs directeur du centre de recherche de Sérédou et du centre de recherche en environnement à l’institut Gamal Abdel Nasser de Conakry. C’est eux qui ont effectivement mené cette recherche. Et ces chercheurs peuvent bien nous rappeler leurs expériences de 1980 ,1982 jusqu’à 1987, l’année à laquelle ils ont fait la publication afin de nous aider à maitriser Ebola et bouter le virus hors du territoire national.

Est-ce à l’époque l’épidémie s’était répandue comme c’est le cas maintenant ?

Non, selon l’étude publiée en 1987 par des chercheurs russes et guinéens, en mars 1982, après six mois, Ebola a été maitrisé à Madina Oula, puis il est réapparu en janvier et il a été aussitôt maîtrisé comme au Zaïre où se trouve le fleuve Ebola, le nom donné à la salle maladie.

En Guinée aussi, la maladie n’a pas dépassé Madina Oula pour avoir été maîtrisée par l’expertise locale que l’on doit à des gens dont la Guinée a besoin aujourd’hui dans l’équipe de coordination de la riposte. Ebola est de nouveau en Guinée, 34 ans après, mais difficile d’expliquer comment il est parvenu à Gueckédou.

Pourtant, il est établi que les rongeurs et les chauves -souris en sont le réservoir naturel. Gueckédou, c’est une zone forestière près du bec du perroquet entre le Libéria et la Sierra Leone, donc une zone incrustée entre ces deux pays. C’est dire alors qu’en Sierra Leone, où déjà en 1980 on avait découvert la fièvre Lhassa. Or qui parle de Lhassa, évoque immédiatement Ebola avec qui, elle vit en concubinage. Le couple peut s’absenter quelques temps, mais va revenir toujours ensemble. Cela étant, on a pu découvrir aussi a Madina Oula très rapidement avec les hémorragies, poussées de fièvre, vomissements, diarrhées que c’était Ebola qui décimait les populations. Les tests avaient bel et bien indiqué que sur 130 cas, 11 étaient positifs, donc depuis 1982-83 on savait que c’était Ebola et c’est pour cela qu’on a fait la publication en 1987.

Qu’est ce que vous préconisez alors pour vaincre rapidement cette épidémie ?

Il faut que tous les moyens qui viennent pour la lutte contre Ebola aillent effectivement dans ce sens. Ce sont les moyens matériels qui comptent d’abord, comme rien ne peut aller sans les finances. En deuxième position, il y a les ressources intellectuelles, humaines telles que celles qui ont permis aux Guinéens d’éradiquer Ebola entre 1982 et 1983. Certains sont vivants et il faudrait les associer dans le cercle des combattants contre Ebola. Leurs expériences vont nous servir et nous permettre de juguler cette affaire par ce que lutter contre Ebola suppose les moyens financiers et les ressources intellectuelles.

Trouvez-vous normal que 2, 3% du budget du Département de la Santé y soit alloué dans la prévision budgétaire 2015 ?

En tout cas Ebola vient de dire que c’est l’heure de la priorité. Il faut renforcer le système sanitaire mais 2,3%, c’est dérisoire et il faudrait au minimum 14%, si on ne peut pas arriver à 15%.

In lediplomateguinee

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