Dans son adresse au peuple de Guinée, dans la soirée du 18 septembre, le premier ministre, parlant des tueries de Womey a assuré que justice serait rendue et que les auteurs seront châtiés à la hauteur de leur forfaiture. Mais en sera-t-il vraiment ainsi ? Mais s’inspire du passé, il y a des raisons de douter. Mais même par rapport au président, certains aspects de la communication gouvernementale ne sont pas particulièrement rassurants.
En effet, dans la même adresse de Mohamed Saïd Fofana, évoquant les raisons qui pourraient justifier le drame, a pointé : « une réaction hostile des habitants de la localité qui, à l’instar de certaines populations, continuent à être intoxiqués par des informations tendant à faire croire soit que cette maladie n’existe pas, soit qu’elle a été créée pour les éliminer ». Dans cet extrait, le vocable qui attire notre attention, c’est ‘’intoxiqués’’. Dans la façon dont le premier ministre l’a affirmé, on a l’impression qu’à ses yeux, ceux qui ont éventuellement intoxiqué les bourreaux sont davantage responsables des crimes que ceux qui les ont directement commis. Par ailleurs, pourquoi, alors qu’une procédure d’enquête n’est pas conduite à son terme, le chef du gouvernement soulève-t-il la piste de l’intoxication ? N’est-il pas animer de l’idée de minimiser la responsabilité des véritables auteurs des crimes ? Ne serait-il à la recherche de bouc-émissaires auxquels il faut faire endosser l’essentiel des responsabilités ?
Ces questions méritent d’autant plus d’être posées qu’un autre membre du gouvernement, en la personne du ministre de la communication, a également évoqué la manipulation, comme une des causes profondes du drame. S’exprimant chez nos confrères de la radio nationale, Alhousseine Makanera kaké, a en effet déclaré : « il y a eu de la manipulation de certaines personnes animées de mauvaises intentions ». Même s’il n’est pas allé jusqu’à désigner un éventuel manipulateur, il aura tout de même devancé la justice en donnant une piste. Or, cette dernière se révèle être de nature à banaliser le rôle et la responsabilité de ceux qui, à Womey même, armés de gourdins, de machettes, de lance-pierres, ont tué les huit membres de la délégation du gouverneur.
C’est à croire que le gouvernement obéit à un plan préétabli destiné à déculpabiliser les véritables bourreaux.
Anna Diakité, Kabanews