Le refus des populations à croire en l’existence de l’épidémie à virus est décidément plus important que ce qu’on a pu jusqu’ici imaginé. Certes, c’est à Womey que cette incrédulité s’est traduite avec les violences les abjectes possibles. Mais dans d’autres contrées du pays aussi, on ne voudrait pas en entendre parler. Au nombre des localités réfractaires aux messages sur Ebola, on a Forécariah, à une centaine de Kilomètres sur la route qui relie Conakry et Freetown. Après un premier incident en début de semaine passée, c’est une mission du gouvernement a été huée sur place, le samedi dernier.
Outre le premier ministre, ladite mission comprenait le ministre de la santé et de l’hygiène publique, medecin-colonel Remy Lamah, le ministre de la communication, Alhousseine Makanera Kaké. De toute évidence, la mission avait pour objectif d’aider à dissiper la méfiance entre les populations et les services préfectoraux de la santé. Elle souhaitait surtout convaincre les citoyens de l’existence de l’épidémie à virus et la persuader d’accepter les mesures d’hygiènes préconisées par les autorités. Cette mission paraissait d’autant plus opportune que mardi dernier, des échauffourées avaient éclaté dans la commune urbaine de Forécariah autour de l’inhumation d’une vieille décédée des suites d’Ebola.
Mais le moins qu’on puisse dire c’est que l’équipe gouvernementale n’aura pas été plus efficace. Certes, les jeunes mobilisés pour la circonstance de la Maison des jeunes de la ville, ont écouté le discours du premier ministre. Peut-être parce que Mohamed Saïd Fofana avait commencé par annoncé une trentaine de millions de francs guinéens offerts par le chef de l’Etat, au jeunes, aux sages et aux femmes de la préfecture de Forécariah. En tout cas, le public a gardé le silence et le calme quand le ministre de la santé, pour sa part, a présenté les kits apportés par la mission pour remplacer ceux qui avaient été vandalisés lors de la manifestation de mardi passé.
Par contre, quand le préfet, N’Fansoumane Soumah a voulu prendre la parole, les jeunes ne le lui ont pas permis. Ils ont tout de suite fait de bruit et hué le premier magistrat de la ville. Certains d’entre eux allant jusqu’à réclamer son départ pur et simple. N’y comprenant pas grand-chose, le chef du gouvernement invite alors un des jeunes à donner les raisons de cette inimité à l’endroit du préfet. Le représentant de circonstance de la jeunesse ne va pas par quatre chemins : « A bas le préfet ! Ebola n’existe pas à Forécariah ». Comme s’il s’agissait d’un mot d’ordre, tout le monde reprend ces deux phrases. Comprenant les risques qu’ils courraient sur place, les membres de la délégation officielle se retirent aussitôt sur la pointe des pays. Regagnant leurs véhicules, ils vident les lieux pour échapper à une attaque populaire.
Anna Diakité, Kabanews