Un bus transportant des guinéens en provenance de Dakar, a été renvoyé lundi à la frontière guinéo-sénégalaise, fermée depuis Août à cause de la fièvre Ebola qui sévit en Guinée, apprend-on de sources concordantes.
Après le refoulement du Bus, une vieille qui était partie à Dakar pour des soins a rendu l’âme à la suite de l’émotion et les guinéens ont eu du mal à trouver un endroit pour l’enterrer. Mais comment tout cela est arrivé ?
Voici le témoignage de Sayon Bangoura, un des passagers qui a subi le calvaire, joint au téléphone mercredi matin par nos confrères de la radio Espace FM.
« Depuis le lundi vers 23h, on a pris le départ à partir de la gare routière de Pikine, jusqu’à arriver le lendemain matin, vers 8h, au niveau de la frontière. Arrivé là, un pneu de notre bus est crevé. Le chauffeur nous a dit de descendre afin de changer le pneu. Entre temps, il y a un gendarme qui est venu au bord d’une voiture Mercedes pour nous barrer la route. Il nous a dit de remonter dans le bus et de faire demi-tour jusqu’à Dakar. Le chauffeur nous a dit de remonter dans le bus. Mamadama Soumah, une vieille qui était parmi nous, était au Sénégal depuis le mois de ramadan et elle drépanocytaire. Elle n’a pas pu supporter l’intervention des gendarmes. Elle s’est mise à trembler. Elle nous a dit qu’elle n’est pas habituée à cela. Elle était venue par avion, mais maintenant il n’y a pas d’avion. C’est pourquoi elle a été obligé de passer par voie terrestre. On nous a dit de venir jusqu’à Tambacounda. Le chauffeur nous a dit de venir jusqu’à Linkery. »
Et Sayon Bangoura de poursuivre : « La souffrance de Mamadama ne faisait qu’augmenter. C’est ainsi qu’ils l’ont fait asseoir sous un manguier et chercher un cabinet médical. L’endroit qui leur a été montré pour apporter des soins à la vieille était vide. Et c’est que la pauvre vieille a rendu l’âme » se désole t-il.
A la question de savoir pourquoi les agents du poste frontalier n’ont pas accepté à ce que la veille femme soit enterrée dans leur territoire, Sayon Bangoura répond : « Ils nous ont dit de retourner parce que la Guinée a fermé les frontières, que le président guinéen a donné l’ordre de bloquer les rentrées et sorties… ».
Malgré tout, ces guinéens ont tenté de jouer à la médiation auprès des autorités locales sénégalaises afin de pouvoir inhumée la vielle dans leur territoire, mais sans succès :
«On a appelé le commandant et le maire pour leur expliquer notre situation afin qu’ils nous aident à partir avec le corps. Ils ont dit non et qu’il faut qu’on se retourne jusqu’à Tambacounda. Nous leur avons alors demandé de nous aider à appeler la famille de la défunte pour savoir si on peut l’enterrer ici. Ils ont dit non et qu’on ne peut pas enterrer ce corps là ici et qu’il faut continuer jusqu’à Tambacounda. On s’est retournés jusqu’à Manda, à 15km de la frontière. C’est là qu’on a procédé à l’enterrement de la vieille.» a-t-il déploré.
Ce nouvel épisode risque-t-il de refroidir les relations diplomatiques entre Dakar et Conakry ?
Ou bien remettre en cause la participation de la Guinée au Sommet de la Francophonie prévue fin novembre à Dakar ?
Pour l’instant, il n’y a pas eu une réaction officielle de la part des autorités guinéennes. Mais cette triste nouvelle fait débat à Conakry, même si l’on sait bien que la frontière entre les deux reste toujours fermée à cause de la fièvre Ebola.
Abdoul Wahab Barry, www.kababachir.com