Alpha Condé et ses ministres se sont insurgés contre la fermeture des frontières sénégalaises. Une posture qui a même failli créer des incidents diplomatiques entre les deux pays de la même sous-région ouest-africaine. La moutarde est montée d’un cran lorsque le président Sall avait déclaré : « Si le jeune guinéen n’était pas atteint de la maladie d’Ebola, la justice aurait déjà mis la main sur lui. On ne peut pas être conscient de porter une maladie très contagieuse et être conscient du risque de la transmettre aux populations et se permettre d’entrer dans un pays dont les frontières sont de surcroit fermées ».
Alpha Condé et se affidés des Affaires étrangères et celui de la Coopération internationale multiplient de fait les sorties pour blâmer Dakar. Aujourd’hui, le président guinéen sacrifie ses ministres et lui, se rachète avec un autre discours. Comme il y a une grande psychose autour de l’épidémie, le numéro 1 Guinéen reconnait qu’il est normal que chaque chef d’Etat cherche à protéger son peuple. Mais, à la place de la fermeture des frontières, Alpha Condé estime qu’il aurait été plus raisonnable de prendre des mesures strictes à l’aéroport comme l’ont fait d’autres pays que de fermer les frontières. « Je ne peux pas comprendre qu’Air France entre et sort sans problème en Guinée et que le Sénégal qui est un pays frère ferme ses frontières. Quand j’étais en prison, en tant qu’opposant, le plus grand soutien que j’ai eu était celui du peuple Sénégalais et de toute la classe politique de ce pays. Et ces derniers m’ont reçu lors de ma venue à Dakar. Donc, je dois beaucoup au peuple Sénégalais. C’est une période de malentendu et que cela va passer. Macky Sall est mon frère et je suis sûr qu’on va rapidement trouver une solution concernant le problème de l’aéroport. Il n’y a pas de polémique entre la Guinée et le Sénégal, il y a juste une incompréhension. »
Retournement de veste spectaculaire de la part d’Alpha Condé qui déclarait jusqu’à récemment que : « C’est le cas du Mali qui n’a jamais fermé ses frontières avec nous durant toute cette crise. Et il n’y a pas eu jusqu’à présent un seul cas de maladie dans ce pays », se félicitera Alpha Condé. Certainement un clin d’œil envoyé à Macky Sall dont les mesures de préventions agacent encore la Guinée et peinent la communauté internationale. C’est pourquoi, le président Condé estime que seul dispositif qui vaille, c’est le renforcement de la solidarité, pas la fermeture des frontières. Après tout, « Quand vous fermer les frontières, les gens vont passer par la brousse ». Avec la nouvelle posture de Condé, il laisse en rade ses ministres que lui-même a mis au devant de la scène pour blâmer Dakar. A Fall, Koutoub, Damantang, Gassama, etc. de savoir eux-aussi rebondir…
Quoiqu’il en soit, le député Fodé Oussou Fofana avait demandé : « Il ne faut pas dramatiser ça. Placée dans les mêmes conditions, la Guinée aurait pris les mêmes dispositions pour éviter la propagation de la maladie sur son territoire. Cela n’affecte en rien nos relations avec le Sénégal. » Ainsi s’exprimait le vice-président de l’UFDG. Selon Fodé Oussou Fofana il était tout simplement question d’expliquer à la population, la même manière qu’on refuse de transporter le corps d’un point A à un point B, c’est mieux de faire très attention. « Je pense que le Sénégal a pris des dispositions pour éviter la propagation de la fièvre. Il ne faut pas oublier qu’il y a des milliers de Guinéens qui vivent au Sénégal qui est un pays frère. Quand il y a des épidémies de cette envergure cela se fait partout dans le monde. C’est comme si vous mettez dans une bassine d’eau, l’eau de javel et vous demandez à tous ceux qui arrivent chez vous de laver leurs mains. Ça ne veut pas dire que vous les méprisez, non pas du tout, c’est juste un moyen de prévention », avait notamment dit le député. Aujourd’hui, l’orage passé, l’histoire lui donne raison.
Jeanne FOFANA