GOUVERNANCE : Alpha Condé veut-il céder la Guinée à la France ?

A entendre certains des propos que le président de la République a tenus lors de la conférence de presse de mercredi dernier, Sékou Touré pourrait retourner dans sa tombe. En effet, partant des sociétés publiques, EDG et SEG, le président Alpha Condé a clairement manifester son intention d’associer les entreprises françaises à la gestion de la Guinée. S’exprimant à la veille de l’arrivée de François Hollande en Guinée, le chef de l’Etat a donné l’impression que la concession qui focalise aujourd’hui l’attention autour du port autonome de Conakry n’est qu’un coup de semonce par rapport au vaste chantier visant remettre les clefs du pays à l’ancienne puissance coloniale.

Conscient que sa décision aurait du mal à passer aux yeux de l’opinion publique, le chef de l’Etat a introduit son message par les dettes qu’Electricité de Guinée (EDG) et la Société des eaux de de Guinée (SEG) devraient à la France. Cette dette, Alpha Condé l’évalue à 60 millions d’euros. Vu que c’est une  forme de dette qui ne peut pas être effacée, le président de la République a indiqué qu’il entend profiter de la présence de François Hollande pour solliciter une aide budgétaire au titre de la contrepartie à l’effort de remboursement de cette dette.

Estimant que son point d’entrée est réussi, il étale par la suite sa véritable intention : « Les Guinéens ne sont pas capables de diriger EDG et la SEG pour nous donner le courant ou l’eau dans les robinets, on n’est pas capable de gérer le port, les transports urbains. Et quand on n’est pas capable, il faut trouver un partenaire stratégique ». Dans la même approche, le président Alpha Condé, dans une flagrante opération de charme en faveur des entreprises françaises, poursuit : « Quand on ne peut pas gérer, on apprend auprès de gens qui savent, au bout de trois ou quatre ans, ils s’en vont. Quand on met un directeur général étranger, on met un Guinéen comme directeur général adjoint ».

Dans la foulée, il annonce que pour ce qui est d’EDG, un appel d’offres a déjà été lancé et que trois soumissions sont déjà enregistrées. Il ne l’a pas dit, mais on est quasi certain que c’est une société française qui en sortira victorieuse.

Finalement, on a l’impression que ce voyage du président français permettra de rééquilibrer les rapports de force entre les entreprises françaises et celles asiatiques qui, jusqu’ici, semblaient avoir la préférence du président de la République.

Anna Diakité, www.kababachir.com  

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