Décidément, l’autorité et les compétences du premier ministre, Mohamed Saïd Fofana, ne sont pas contestées que par le président de la République, comme il l’aura du reste fait à l’occasion de sa seconde conférence de presse du vendredi 3 octobre dernier. Des ministres qu’il chapeaute en théorie, aussi, trouvent le moyen de le rappeler à l’ordre. C’est le cas du ministre des mines, Kerfalla Yansané qui, à travers un courrier, vient de protester contre la note à lui attribuée, dans le cadre de l’évaluation des membres du gouvernement.
Selon nos sources, cette note en ce qui concerne le ministre Kerfalla Yansané, serait de 26 %. Autrement, celui qui, quand il avait en charge l’économie et les finances, avait été sacré meilleur ministre de l’économie en Afrique, n’a tout simplement la moyenne comme ministre des mines. Il a à peine la moitié du minimum requis. Une appréciation avec laquelle il n’est pas d’accord. Et qu’il fait savoir comme cela se doit, à travers une correspondance qu’il adresse à son premier ministre, le 26 août 2014.
En gros, Kerfalla Yansané pense être victime d’un mauvais procès, dans la mesure où toutes les conditions lui permettant d’engranger les résultats que l’on attend de son département ne sont pas réunies. Il évoque ainsi le cadre de travail qu’il trouve ‘’exigu et inapproprié’’. Dans la même logique, le ministre des mines écrit : « Le bâtiment principal du ministère se trouve dans un état de dégradation avancé. Un sous-équipement chronique, ainsi que des sociétés minières en difficulté pour certaines et d’autres en rupture de dialogue avec l’Etat ».
L’autre chose contre laquelle s’insurge Kerfalla Yansané, c’est le reproche de peu de visibilité qui est fait à son département au sujet des actions mises en œuvre dans le cadre de la contribution du secteur au développement des recettes budgétaires. Selon lui, loin d’être conjoncturelle, la contribution du secteur minier aux recettes budgétaires de l’Etat dépend d’un environnement structurel général et de réformes qui peuvent s’inscrire dans la durée. En outre, selon Kerfalla Yansané, certaines de ses réformes sont coûteuses alors que les ressources allouées à son département seraient plutôt maigres. En guise d’exemple, il écrit : « pour 2014, la dotation du département en recherche géologique a été de zéro ». Dans la même logique, l’ancien ministre des mines croit savoir que l’absence d’un laboratoire national géologique. Or, c’est là un défi qui nécessite une politique nationale d’investissement en la matière. Ce qui, enchaine-t-il « est loin d’être le cas. Car le budget alloué au laboratoire national ne correspond pas à cette politique ». Au nombre des dommages que cette défaillance cause au secteur minier guinéen, Kerfalla Yansané évoque le fait que « les sociétés minières de la place sont obligées d’exporter leurs échantillons dans les pays de la sous régions ou dans de laboratoires internationaux à des fins d’analyses ».
Comme on le voit, le ministre Kerfalla Yansané n’est pas du tout d’accord avec la note à lui attribuée par la primature. En substance, il ne conteste pas la note en tant que telle. Mais il pense que ceux qui l’ont noté savent que les conditions ne sont pas réunies pour qu’il fasse un miracle.
Anna Diakité, Kabanews