GUÉCKÉDOU : La Guinée ferme-t-elle les frontières sans le dire ?
Bien que d’un côté, la Guinée flétrisse les mesures de restriction décidées à son encontre par certains de ses voisins, de l’autre, elle semble, elle-même, se diriger vers cette solution-là vis-à-vis respectivement du Libéria et de la Sierra Léone. Mais pour ne pas que la contradiction se révèle au grand jour, on le fait discrètement et on joue sur les termes.
Officiellement, il est question de la suspension des marchés hebdomadaires des sous-préfectures faisant frontière avec le Libéria et la Sierra Léone. A première vue, il ne s’agit donc pas de la fermeture des frontières, en tant que telle. Mais dans les faits, il s’agit bien de cela. Car suspendre les marchés hebdomadaires revient à empêcher des Libériens et des Sierra Léonais dont une bonne partie franchissaient justement la limite avec la Guinée pour venir dans ces marchés, de le faire. S’ils ne peuvent plus venir commercer dans ces marchés, nos voisins libériens et sierra léonais ne viendraient plus en grand-nombre dans ces localités-là.
Au-delà de cette subtilité qui fait que la fermeture de la frontière, n’est pas si évidente, les autorités guinéennes utilisent la discrétion. Ainsi, on fait comme si la décision de la suspension de ces marchés était exclusivement du ressort des autorités locales. Pour une fois, on feint de concéder de l’autonomie aux administrateurs territoriaux. L’approche a deux avantages. D’abord, si le mécanisme est décodé et que cela débouche sur une quelconque controverse, le gouvernement pourra toujours se défausser sur les administrateurs locaux. Ensuite, vu que l’information n’est véhiculée qu’à un niveau local, on en limite la portée.
Anna Diakité, Kabanews