Abdoulaye Ndiaye est né en 1894 dans le village de Thiowor, à 180 km au nord de Dakar, selon sa carte de combattant conservée au Musée des armées de la capitale sénégalaise.
Engagé comme 600.000 autres soldats des colonies françaises, Abdoulaye Ndiaye a été blessé à la tête dans la Somme (France) en 1916, après avoir pris part à la bataille des Dardanelles (Turquie).
En 1992, il racontait avoir été enrôlé alors qu’il transportait de la marchandise à dos de chameau vers un village voisin où, lors de combats de lutte, il était resté « invaincu ».
« Il est l’auteur de beaucoup de hauts faits d’armes », affirme un octogénaire de village, Babacar Sène, vétéran de la guerre d’Indochine. « C’est le plus célèbre fils de Thiowor. Il m’arrivait souvent de le raser. La partie de sa tête où il était blessé était molle », raconte M. Sène. « Il disait que ça faisait mal au toucher », se souvient son petit-neveu, Cheikh Diop.
Une stèle a été dressée en son honneur dans cette localité sablonneuse de quelque 3.000 habitants, où les enfants chantent encore ses exploits et où subsiste la maison où il a vécu à son retour du front et repris le travail des champs.
Il n’a su que trente ans plus tard qu’il avait droit à une pension, quelque 30.000 francs CFA mensuels (45 euros), qui ne « lui permettait pas de vivre » mais qu’il partageait volontiers.
« Toute sa vie se résumait à cette case et à cet arbre« , situé dans une arrière-cour, affirme M. Diop, en montrant une photo écornée du vieil homme, adossé à un tronc et entouré d’enfants. Dans sa case en ruine s’entremêlent bouilloires, gris-gris, marmites et théière rouillées. « Beaucoup de documents et de photos ont été détruits lors d’incendies », regrette son petit-fils, Babacar Ndiaye.
Le musée qui devait voir le jour dans son ancienne maison est resté à l’état de projet et la route construite en 2002 par la France, la « pistes des tirailleurs » est aujourd’hui bosselée. Mais le stade en construction à la lisière du village portera le nom d’Abdoulaye Ndiaye.
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