Des deux maux il faut choisir le moindre. Or, entre Jean-Marie Doré, ancien Premier ministre de la transition et Makanéra Kaké, actuel ministre de la Communication d’un gouvernement issu d’une présidentielle qualifié à tort ou à raison de démocratique, le moindre mal reste manifestement celui du militant démagogue perché à la Communication, en qualité de chef du département. C’est en quelque sorte entre la peste et le choléra.
L’un est bien vieux, un patriarche politique aux revirements de vestes très spectaculaires qui a eu ‘’l’amabilité’’ de nous gratifier de son témoignage sur le prétendu empoisonnement de militants ayant eu pour conséquence immédiate, la chasse au faciès dans certaines préfectures de la Haute Guinée. C’est encore lui, sous son magistère que la Constitution a été malmenée sous sa parfaite complicité. Et c’est lui-même qui l’atteste, voulant certainement éclabousser des acteurs des la transition. C’était au cours de sa dernière sortie médiatique. 500 millions GNF, voiture 4X4 et parcelle assainies pour tous les ministres de la transition, c’est aussi une initiative opportuniste de Doré, en fin de piste. Mauvais ministre ? Il en fut vraiment un. Si ce n’est un bel euphémisme. Mauvais à sa façon quoi ! Mais gardons-nous surtout de penser qu’il est … un judas.
Doré qualifier un ministre de la République de mauvais, cela fait froid au dos, mais en principe ne doit pas irriter. Pour peu qu’on se souvienne de son passage à la Primature sous la junte. «Des ministres disent n’importe quoi et ça desservit le gouvernement. Un ministre doit remuer sept fois sa langue dans sa bouche avant de s’adresser à la communauté nationale parce qu’il fait partie de l’élite. On l’appelle ‘’Excellence’’ parce qu’on pense qu’il est intelligent. Qu’il a la maitrise de son mouvement et de son langage. Certains disent qu’il faut raser tel village. Vous rasez un village pour gouverner au nom de qui ? Si quelqu’un dit ça, il faut le vouer aux gémonies, l’isoler de la vie nationale, et par conséquent, l’écarter des institutions de la République. Dès l’instant où le chef de l’Etat fait des reproches publics à un ministre, le soir, le décret chassant de son poste, doit tomber. Parce que je ne comprends pas comment quelqu’un qui est présenté à l’opinion nationale comme un mauvais ministre, peut encore siéger au Conseil. »
Doré devait s’attendre à une réplique. Et elle est enfin là. Makanéra Kaké estime en effet que « Le président n’a à aucun moment parlé de l’incompétence du ministre de la communication. Par contre, il a dit que le département de la communication est incompétent. Il a dit qu’on a mis des techniciens incompétents qui ont détruit les émetteurs. » Et d’ajouter, comme pour faire du coup après coup : « C’est une stratégie qu’il utilise pour diviser les Guinéens. Le doyen Jean Marie Doré est sous le poids de l’âge. Je regrette que celui qui dit que je suis un mauvais ministre qu’il se comporte comme ça. Je crois qu’il n’a pas été un bon député ni un bon père de famille. Un bon père de famille ne se comporte pas comme ça. Jean Marie Doré voulait que les communautés s’affrontent pour qu’il se positionne comme défenseur d’une communauté par rapport à une autre. Malheureusement pour lui, nous avons trouvé les meilleurs moyens pour éviter le conflit. C’est pour cela, il ne peut pas rester tranquille parce que son objectif n’est pas atteint. »
Ce qui est évident, Kaké aussi est loin d’être le meilleur ministre qui soit, mais c’est la gouvernance d’Alpha Condé qui le veut ainsi parce qu’il suffit d’insulter l’opposition pour se positionner au sein de la haute administration publique. N’est-ce pas une autre façon du changement ?
Jeanne FOFANA, www.kababachir.com