Au cours d’une conférence de presse conjointe, Avocat Sans Frontière (ASF) et Même Droits pour Tous (MDT) deux ONG de défense des droits de l’homme dénoncent la détention « illégale » et « arbitraires » des deux détenus au PM3 de Matam, sans jugement.
Ces détenus, un Caporal-Chef et un économiste, sont accusés de fomenter un coup d’Etat dans la forêt de Kéréma, à N’Zérékoré dans la région forestière. Il serait question de renverser le régime en place . Il s’agit de Doguis koly Théa Copral-Chef enrôlé dans l’armée guinéenne en 2009, qui au départ, était un simple confectionneur des chaussures militaires au camp Alpha Yaya Diallo. Atteint d’une maladie qui le rend inopérant au sein des forces armées guinéennes, Copral-Chef Koly Théa décide de rentrer dans son village pour s’occuper de l’agriculture et de la Cordonnerie à Kéréma où il était retranché.
Lors de son récent passage à N’Zérékoré, le président de la république a promis de l’assister pour le financement d’une cordonnerie moderne. Mais tout a basculé le 6 mai 2015 lorsqu’il reçoit dans son champ, deux gendarmes. Il est arrêté et mis en prison. Son cousin Olémou, économiste venu à la gendarmerie pour connaitre les motifs de l’interpellation du Caporal-Chef est aussi mis aux arrêts.
Selon Me Gabriel Faya de l’ONG avocat sans frontière : « Lorsqu’il est parti à la gendarmerie, le 7 mai, il était très surprise d’être privé de liberté. Son cousin Kala qui l’avait accompagné, qui n’avait reçu aucune invitation, qui n’avait reçu aucune convocation, lui aussi a été privé de sa liberté » déplore cet avocat.
Selon la même source, le 10 mai dernier, les deux prévenus ont été transportés au camp militaire de N’Zérékoré, puis chez le préfet avant d’être entendu. Et c’est le 11 mai, que les deux détenus ont été conduits à Conakry, notamment au PM3 de Matam, où ils n’ont pas eu accès ni à leurs parents, ni à leurs avocats.
‘‘Vous ne pouvez pas accuser des citoyens de fomenter un coup d’Etat sans apporter la moindre preuve’’, s’insurge un avocat.
L’affaire inquiète les avocats, l’état de santé du Caporal se détériore et le délai d’instruction des 48 heures est largement dépassé.
‘’C’est nous qui crions au complot, il y a complot contre nous, il y a complot contre nos clients, on veut les sacrifier pour des intérêts égoïstes et personnels.’’ déplore un avocat qui rappelle que ces interpellations interviennent juste après le passage du Chef de l’Etat à Kéréma, et qui a parlé d’une rébellion qui serait en cours de préparation.
Abdoul Wahab Barry, www.kababachir.com