Si jamais le Forum économique mondial sur l’Afrique (FEM) voulait faire preuve de leadership, c’est maintenant. Réunis à Cape Town, cette semaine pour la 25ème session du Forum économique mondial sur l’Afrique, les dirigeants d’entreprises, les hommes politiques et les activistes civiques de l’Afrique et du monde ne doivent pas ignorer ce qui se passe en république de Guinée.
Le développement économique et l’investissement sont les remèdes qui peuvent aider contre beaucoup de maux de l’Afrique. La conférence célèbre le « redressement économique remarquable » de l’Afrique. Mais les événements récents en Guinée sont un brutal rappel que tous les Africains n’ont pas bénéficié de cette nouvelle prospérité.
La croissance panafricaine au cours des 15 dernières années a accéléré, dépassant de 3% le PIB mondial. La Guinée, en revanche, a vu une fuite des investissements étrangers directs et une éviscération de l’inviolabilité des contrats et de la primauté du droit. Ceci a contribué à une augmentation de la pauvreté, de la corruption et de la violence sanctionnée par le gouvernement.
En fait, malgré le choix de l’indépendance de la France il y a 57 ans, la Guinée a été incapable d’échapper à l’influence des maîtres étrangers. [Certes] les dirigeants coloniaux d’hier ont été supplantés par [des] présidents de plus en plus autoritaire. [Mais] les sociétés occidentales comme Rio Tinto détiennent littéralement les clés de l’avenir du pays.
Les participants africains du FORUM ECONOMIQUE MONDIAL doivent faire preuve de leadership en attirant l’attention du monde sur la Guinée.
Ceci est une année électorale – la deuxième élection démocratique de l’histoire de la Guinée. Et les choses ne se passent pas bien. Le président Alpha Condé refuse de tenir les élections locales qui ont été promises il y a des années. Des guinéens qui protestèrent contre ce déni de démocratie ont été abattus – fatalement dans certains cas – par les forces de sécurité de Mr. Condé.
Les tentatives de négociation n’ont abouti à rien. Mr. Condé est maintenant accusé par de nombreux observateurs en Europe et en Amérique de raviver les tensions ethniques dans le pays. Les six premiers mois de 2015 ne sont que les derniers épisodes d’un modèle d’échec.
Sous la direction de Mr. Condé, les investissements étrangers ont tari face à des expropriations du gouvernement, des allégations de corruption rampante, et d’érosion de la démocratie.
Le peuple de Guinée souffre de ces échecs, avec la pauvreté urbaine et périurbaine à la hausse dans un pays où l’ONU estime que 40% des personnes survivent avec moins de 1,30 dollars par jour. Pour cette raison, l’indice de développement humain des Nations Unies (IDH) qui mesure le bien-être des citoyens, classe la Guinée 179ème sur 187 pays. En comparaison, des pays ravagés par des guerres comme le Rwanda (n° 151), le Soudan (n° 166), le Libéria (n° 175), et le Mali (n° 176), ainsi que celui qui subit trois décennies de Robert Mugabe (n° 156), ont une meilleure qualité de vie que les Guinéens. L’ampleur de l’échec est claire, avec ces statistiques.
La Guinée dispose d’extraordinaires richesses potentielles grâce à ses vastes ressources naturelles, y compris des minerais de fer et des gisements d’or, ainsi que les plus grandes réserves de bauxite au monde, et aussi une source d’eau inépuisable sous la forme de trois massifs systèmes fluviaux. Ce pays d’Afrique de l’Ouest pourrait être un des pays les plus riches d’Afrique. Au lieu de cela, il est l’un des plus pauvres.
Peut-être que l’exemple le plus flagrant de la mauvaise gestion de Condé est la concession massive à Simandou au géant minier anglo-australien Rio Tinto. Malgré la détention d’une licence depuis près de 20 ans, Rio Tinto n’a rien développé ou exploité à Simandou qui est largement reconnu comme l’un des plus grands gisements de minerai de fer du monde. Cela fait 20 ans d’opportunités perdues pour le peuple de Guinée.
En dépit de conseillers étrangers célèbres tels que Tony Blair et George Soros, Alpha Condé, n’a pas réussi à faire entamer une action par Rio Tinto pour développer le site de Simandou, ou d’orienter l’industrie minière de son pays dans la bonne direction. Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Le développement économique et l’investissement sont les remèdes à beaucoup de maux de l’Afrique. En observant là où il y a eu des succès en Afrique, le climat d’investissement favorable est une raison majeure. Avec en plus les bons types d’investissement économiques. Les dirigeants africains doivent choisir des investisseurs qui vont effectivement exploiter [les richesses] mais pas avec des [tactiques de mainmise] avec des délais [indéfinis]. Nous avons besoin d’investisseurs qui veulent être des partenaires, et non ceux qui compromettent notre avenir. En Guinée, Alpha Condé n’a pas fait correctement ces choix.
La nécessité pour des élections guinéennes libres et équitables – en particulier dans le sillage des récentes fusillades mortelles par les forces de sécurité du gouvernement – est claire.
Une démocratie fragile en Guinée est minée, le climat d’investissement est compromis et la pauvreté de la population augmente en conséquence.
Par Franklin Cudjoe
Traduction – Ourouro Bah
Article original :http://www.theafricareport.com/Columns/guineas-latest-dictatorship.html
Courtoisie http://www.guinee58.com
Franklin Cudjoe est rédacteur en chef d’AfricanLiberty.org et directeur fondateur d’IMANI, un THINK TANK classé en 2009 numéro 5 parmi les plus influents en Afrique, et parmi les plus innovantes dans le monde en 2010. IMANI est engagé dans la sensibilisation du public sur les questions de politique de gouvernement et de société civile.Franklin Cudjoe a été cité à la Chambre britannique des communes dans le débat sur l’aide et le développement en Afrique et par la Cour suprême d’Afrique du Sud sur la propriété intellectuelle en 2005 et 2006 respectivement. Cudjoe a aussi débattu avec le président tanzanien Mkapa sur la mondialisation en 2007. En 2010, Cudjoe a participé auprès de la Banque mondiale au Ghana-Afrique à la stratégie pour l’Afrique pour 2010-13. En 2010, Franklin a été consulté par le bureau du Premier ministre d’U.K sur l’efficacité de l’aide britannique en Afrique. Cudjoe a un doctorat de l’Université de Buckingham Earhart au Royaume-Uni avec un focus sur l’impact de l’investissement social au Ghana et les projets des donateurs. Il est un ancien élève de Harvard Kennedy SCHOOL EXECUTIVE EDUCATION, et stagiaire dans le programme de l’Institut économique de Montréal. En 2010 Cudjoe a été nommé Jeune leader mondial par le Forum économique mondial de Davos, en Suisse.