« La Guinée est un pays en danger qui mérite donc d’être sauvé par anticipation » dixit Aliou BAH, directeur de communication du Bloc Libéral (Interview)
Le consultant et directeur de communication du bloc libéral milite en faveur d’une implication de la communauté internationale dans la crise guinéenne. Dans une interview exclusive qu’il nous a accordée, le jeune Aliou BAH a expliqué ce qu’il pense être la solution pour aplanir les divergences entre pouvoir et opposition. Lisez l’entretien!
Le représentant spécial des Nations Unies en Afrique de l’Ouest a entamé des concertations dans le but de renouer le dialogue entre pouvoir et opposition. Quelle lecture faites-vous de cette initiative de CHAMBASS?
Aliou BAH: A priori l’initiative de M. Ibn CHAMBASS est une bonne chose dans la mesure où nous sommes dans un contexte particulier de crise de confiance entre acteurs politiques, de blocage évident du dialogue et un manque de visibilité sur l’ensemble du processus électoral par la faute du pouvoir et de M. Alpha condé en particulier. C’est pourquoi toute démarche qui vise à désamorcer et à relancer de façon sereine le processus est à saluer
Kababachir.com: Vous avez déjà eu un premier entretien avec l’émissaire de Ban Ki Moon. Est-ce que ça augure la réussite?
Aliou BAH: Cette rencontre visait surtout à s’écouter mutuellement, à ramener en surface tous les facteurs de blocage et situer les responsabilités éventuelles. Ainsi, nous lui avons fait part de toutes nos préoccupations et nos propositions de solutions. Pour sa part, il nous a fait comprendre toute la préoccupation des Nations Unies sur le cas de la Guinée qui, depuis pratiquement 2007 est dans une instabilité politique, sociale et institutionnelle. Et surtout que nous sommes en année électorale et qu’il y a des rapports alarmistes sur des risques de conflits établis par des ONG tel que « international crisis group » et autres spécialistes de la sous-région. M. CHAMBAS s’engage tout d’abord à écouter tous les acteurs concernés par l’ensemble du processus et de voir les propositions de chacun afin de trouver consensuellement la meilleure formule pour aider à la décrispation et à la relance pour continuer d’avancer dans la construction de notre jeune démocratie et surtout préserver la paix civile dans un contexte sous-régional déjà suffisamment compliqué.
Kababachir.com: Cette implication des Nations Unies dans la crise guinéenne est mal perçue du côté de la mouvance. Par exemple Amadou Damaro CAMARA, le président du groupe parlementaire de la majorité a laissé entendre qu’il n’y a pas de feu dans la demeure, d’autant plus que les institutions (Présidence et assemblée…) fonctionnent tant bien que mal. Qu’en pensez-vous?
Aliou BAH: Une telle réaction de la mouvance ne peut être une surprise d’autant plus que le RPG n’a jamais rien à gagner dans la transparence et Alpha condé a toujours fait prospérer ses initiatives que dans la confusion et le flou. C’est pourquoi il veut nous réinventer un nationalisme au nom duquel la Guinée étant souveraine est capable de financer les élections alors qu’au regard du budget 2015, nous n’avons même pas la capacité de mobiliser la moitié du montant nécessaire à l’organisation des deux scrutins et nous avons un déficit budgétaire de plus de 4000 milliards de FG que nous sommes incapables de financer. Le comble est que, par sa faute nous sommes devenus un Etat mendiant qui quémande même des ambulances pour lutter contre Ebola.
La mouvance veut tout simplement barricader la Guinée pour être dans la logique d’Alpha condé qui avait promis de reprendre la Guinée là où Sékou TOURE l’avait laissée afin de commettre le crime de la fraude électorale sans témoins
Kababachir.com: Est-ce que cette attitude de la mouvance n’est pas de nature à mettre le bâton dans les roues de la communauté internationale?
Aliou BAH: Bien entendu que cette attitude de la mouvance vise a écarter tous ceux qui veulent aider à la construction des conditions de transparence du scrutin qui sont pourtant nécessaire à l’apaisement du climat politique pré-électoral et surtout qui va nous éviter un lendemain électoral douloureux et une crise post-électorale en perspective. C’est pourquoi, j’ai insisté dans la salle pour que les Nations Unies aient le sens de l’anticipation. Il ne faut surtout pas attendre que le pire arrive pour s’agiter après dans des résolutions et des efforts de médiations improductifs.
Quand on nous dit aujourd’hui que les institutions de la République existent, c’est simplement ridicule, d’autant plus l’exécutif contrôle tout et se permet même de modifier une loi de la République (Loi sur la création de l’INDH) avec la complicité de la cour suprême avant de la promulguer. Un acte de parjure, de haute trahison pour lequel le président de la République doit être destitué et poursuivi devant la haute cour de justice. La mouvance présidentielle ayant constitué une majorité négative au parlement se rend complice de ce type de jeu et de combine pour mettre toutes les institutions républicaines à la dévotion et au service d’un homme. Leur objectif étant de nous fabriquer un nouveau dictateur. C’est leur seul agenda
Kababachir.com: Je rappelle que c’est vous qui avez représenté le Bloc libéral à la rencontre avec Ibn CHAMBASS. Et selon nos sources vous aviez pris la parole devant les gros bonnets de l’opposition. Comment vous sentiez vous?
Aliou BAH: Effectivement, je représentais le BLOC LIBERAL à cette rencontre et j’ai pris la parole pour exprimer la position de notre parti sur toutes les questions inscrites à l’ordre du jour. Le BL gagne en crédibilité et en poids grâce à la constance et à la pertinence de nos positions. Mon intervention a été vivement saluée et prise en compte par M. CHAMBAS avec une remarque particulière que j’étais le plus jeune de la salle. C’est tout à l’honneur de mon parti qui est jeune et qui crois au leadership jeune. Pour le reste, je n’avais aucune émotion particulière. Juste le sentiment d’un devoir accompli. Le combat continue!
Kababachir.com: Pour une sortie de crise que proposeriez-vous personnellement?
Aliou BAH: Pour une sortie de crise, il faut nécessairement travailler à mobiliser toutes les conditions et les garanties de transparence des deux élections en perspectives. L’opposition a toute les chances de réaliser l’alternance et de construire ainsi une nouvelle alternative de la gouvernance dans notre pays. Alpha CONDE a échoué lamentablement, donc il ne peut pas se faire réélire sur la base d’un bilan. C’est pourquoi, comme à ses habitudes il prépare la fraude, la violence et la confusion qui, pendant toute sa carrière politique, ont été ses options de conquête et d’exercice du pouvoir.
En plus, il faut une forte implication de la communauté internationale sur toutes les étapes du processus. De la distribution des cartes d’électeurs, la définition de la cartographie électorale, dans les bureaux de vote, à la centralisation des résultats et pourquoi pas la certification des résultats définitifs. La Guinée est un pays en danger qui mérite donc d’être sauvé par anticipation.
Enfin, je disais à M. CHAMBAS qu’en lieu et place du principe de non ingérence au nom de la souveraineté des Etats, il faut faire appliquer le principe de non indifférence pour un peuple en danger. Sinon on devient complice indirect de ce qui pourrait advenir. Les Nations Unies doivent elles-mêmes se donner une marge de manœuvre pour ses actions en Guinée car les dernières expériences nous ont prouvé que nous sommes face à un régime autiste et arrogant en plus d’être incompétent et surtout avec un gouvernement irresponsable face à ses devoirs, ses obligations régaliennes et qui ne respecte ni la loi, ni le consensus et pire qui peut même renier sa signature (les accords du 3 juillet 2013 qui n’ont été que partiellement appliqués en faisant objet de toutes les interprétations malhonnêtes de la part du pouvoir et aussi les relevés de conclusion de juillet 2014 dont Alpha CONDE a empêché la signature).
Kababachir.com: Aliou BAH merci
Aliou BAH: A moi de vous remercier!
Interview réalisée par Oumar Rafiou DIALLO, www.kababachir.com