Venus de Diafounou (République du Mali) sous la direction d’Abdrahmane KABA ,des marchands Sarakollé ou Maraka s’installèrent le long du fleuve Milo et créèrent le royaume musulman de Batè. A la fois guerriers et marchands, ils ne tardèrent pas à abandonner le Sarakollé au profit de la langue Maninka. C’est la raison pour laquelle on leur donna d’ailleurs le nom de Maninka-mori ou marabouts des Maninka.
La ville de Kankan devint la capitale du Batè. Au XVIIIe siècle Alpha Kabine KABA, un chef religieux noua des relations amicales entre Kankan et Timbo capitale du Fouta Djalon.
CAMPAGNE MILITAIRE DE CONDE BOUREMA DANS LE BATE
Au XVIIIe Siècle Certains historiens présentent CONDE BOUREMA comme étant un Kouranko. Aucune information ne se recoupe avec cette assertion. Selon les traditions du Batè et à travers un TARIK du Fouta Djalon recueilli et traduit par Amadou DIALLO, il apparait que CONDE Bourema SIDIBE était de la province de Gbanyaga dans le Wassolon du Mali.
Les peulhsdu Wassolon de cette province sont des SIDIBE se réclamant de leur ancêtre Djedi-Madi SIDIBE originaire du Fouta-Toro .Notons qu’une branche de ce clan Sidibé de Gbanyaga émigra plus tard à Sendougou (Konkoi dans l’actuelle sous-préfecture de Dialakoro /Mandiana/Rep.de Guinée ).
Ce qui demeure certain, c’est qu’il a véritablement existé au XVIIIe Siècle un nommé CONDE Bourema qui a mené ses campagnes militaires dans toute la Haute-Guinée et qui a poussé ses conquêtes jusqu’au cœur du Fouta-Djallon. Des études approfondies sur les pays Kouranko et sur la dite province du Wassolon permettront de déterminer l’origine de ce grand conquérant.
D’autres pensent qu’il a lutté contre le Batè. Quels sont les vestiges qui attestent que CONDE Bourema ait effectivement, par la force des armes pénétré dans le Batè et à plus forte raison saccagé le chef-lieu de province: Kankan?
Contrairement à cette affirmation ,il semble que CONDE Bourema n’a touché à aucune mouche dans le Batè, car les populations avaient fait le vide devant l’ennemi.
En effet à l’annonce d’une attaque prochaine de la province par les animistes peulhs CONDE Bourema disposant d’une puissante armée et qui avait attaquée et soumis les populations de l’Est de sa région, les notables qui en avaient mesuré la portée convoquèrent une assemblée extraordinaire « GBARA » à l’issue de laquelle l’exil au Fouta fut décidé.
Ainsi il n’y eut pas un seul village du BATE qui ne se soit pas enfui devant le redoutable CONDE Bourema SIDIBE. Apres une dizaine d’années d’exil, les Maninka-Mori retournèrent chez eux pour reconstruire leur province .
Notons que le chef wassolonka ,outre la Haute-Guinée (Sankaran, Wassolon et Kouranko) a porté les armes jusqu’au Fouta-Djalon. C’est justement au cours d’un combat contre les peulhs du Fouta à Fougoumba qu’il trouva la mort en 1784 selon bon nombre de chroniqueurs. Cette date émane du TARIK du Fouta-Djalon recueilli et traduit par Amadou DIALLO.
Selon ce TARIK CONDE Bourema est mort en 1201de l’Hégire (1841 JC). Sa sœur CONDE Hawa SIDIBE, véritable « amazone » était semble t-il un grand Lieutenant de son frère. Elle se serait enfuie vers le Wassolon avec le reste de l’armée. Cependant certains pensent que CONDE Bourema n’est pas mort sur le champ de bataille de Fougoumba, mais qu’il se serait retourné au Wassolon ayant perdu tous ses hommes.
Les traditionnalistes Peulhs quant à eux affirment que CONDE Bourema est mort à Fougoumba où se trouve de nos jours sa tombe. Après la défaite définitive de CONDE Bourema , le Batè connu une paix relative qui ne sera véritablement troublée qu’au XIXe siècle par les menaces et l’attaque d’un autre du Wassolon: Djedy Djoumessi SIDIBE grand conquérant de la trame de CONDE Bourema. Djedy avait lui aussi conquis tout le Wassolon et les régions voisines .Il décida alors de soumettre Kankan, Il s’installa à Wolondou et s’y prépara à l’attaque .
DJEDY DJOUMESSI SIDIBE A KANKAN :
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Le Batè après la défaite définitive de CONDE BOUREMA ,connu une paix relative qui ne sera véritablement troublée qu’au XIXe siècle par un autre ressortissant du Wassolon : Djedy Djoumessi SIDIBE, grand conquérant de la trame de CONDE Bourema. Djedy , lui aussi avait conquis tout le Wassolon et les régions voisines .Il décida alors de soumettre Kankan, il s’installa à Wolondou non loin de la ville et s’y prépara à l’attaque. Mais contrairement à ce qui se passa au XVIIIe siècle ,les habitants du Batè organisèrent la défense. Tous les hommes valides furent regroupés et placés sous le commandement d’Alpha Moudou KABA* qui devint ainsi chef militaire et politique.
Il n’était pas certes le plus vieux ,mais il fut choisi par ses qualités morales et surtout son expérience dans le métier des armes. La tradition note que c’est un matin que les hommes de DJEDY amorcèrent l’attaque. Mais l’armée d’Alpha Mamoudou qui était bien organisée ne mit pas de temps à les mettre en déroute ;des soldats de DJEDY furent tués au cours des combats ,d’autres voulant traverser le Milo en crues furent noyés; enfin beaucoup furent réduits en esclavages. Djdey lui même sera pourchassé jusqu’au Wassolon où il fut tué.
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NOTES: *Alpha Mamoudou ou Alpha Moudou a appris le métier des armes chez El hadj Oumar Saidou TALL aux côtés duquel il a combattu.
INTEGRATION DU BATE DANS L’EMPIRE SAMORIEN
La victoire des Maninka-mori sur le conquérant Wassolonka Djedy Djoumessi les enivra au point qu’ils ambitionnèrent d’annexer tout le Wassolon. Ainsi, après la mort Alpha Mamoudou en 1875, son successeur Karamo Mori ou Djenabou Fadima Mori lutta longtemps, mais vainement contre les Wassolonka qui s’étaient solidement organisés .Sentant son influence lui échapper ,il se tourna vers le Sankara .Il nomma son jeune frère Oumarouba, chef de l’armée pour sa grande bravoure. Celui-ci alla attaquer Moribaya au sud de Kankan. Il prit les armes contre BARO Famoudou qu’il soumit sans trop d’efforts .Ce fut plus tard le tour du BAGBE ,à la lisière du Sankaran. A son départ pour ce front de bataille ,Karamo Mori lui avait conseillé de ne pas s’installer à Bagbè une fois qu’il aura obtenu la victoire. Mais enivré par ses succès précaires ,Oumarouba s’y installa. L’ennemi qui n’avait point désarmé se prépara et réussit à se regrouper. L’attaque fut alors ouverte contre Oumarouba dont l’armée fut mise en déroute et l’homme trouva la mort à Morigbèdou où existerait sa tombe.
La nouvelle de la perte de Oumarouba se répandit et fut accueillie dans le Batè avec la plus grande indignation .Son jeune frere DAYE KABA prit la relève .Les exactions de la part des Sankaranka poussèrent les habitants du Batè à s’assurer une position plus stable .La solution préconisée à cet effet, fut de tendre la main à l’Almamy Samori parce que celui-ci d’une part possédait une puissante armée, d’autre part il était coreligionnaires des Maninka-Mori. Compte tenu de ces atouts, Karamo Mori chargea Sidafa KABA et Kabakarou TOURE d’aller expliquer à Samori que Kankan demande son aide. Parlant de cette mission ,Kaba SOUMAORO nous signale :
« …Nous assistons ,écrit BINGER,au cours de l’année 1875 à une guerre de Kankan-Mori contre le Sankaran. Ce fut une alternative de succès et de revers. Finalement Oumar , frère de Kankan-Mori est pris et tué par les guerriers du Sankaran, ce qui force Kankan-Mori à acheter l’alliance de Samori par un fort cadeau en or :Kankan-Mori envoya 2000 gros d’or (le gros d’or vaut environ 15 francs) à Samori ».
En réponse, Samori demanda à Kankan-Mori de le rencontrer à Tindi oulen , village situé à 22 km au sud-est de Kankan .Ce fut fait et à l’issue de l’entretien ,Samori répondit favorablement à la demande formulée par Kankan-Mori. Il entendait par là conclure avec le chef du Batè, un traité de défense mutuelle .Aussitôt après la signature de l’accord, Samori entra en action au nom de la fraternité musulmane. On assista à une coalition des armées de Samori et de Kankan-Mori contre le Sankaran. Très tôt le Kouroulamini, puis tout le Sankaran et le Djoma deviennent des possessions territoriales de Samori.
Notons qu’en souvenir des bonnes relations qui s’étaient tissées entre eux, Samori avait baptisé un de ses fils :Saranké Mori du nom de son ami de Kankan. Cet acte a largement contribue au renforcement des liens entre le Batè et Samori.
ROLE DU BATE DANS L´EMPIRE DU WASSOULOU (SAMORI):
L´Empire du Wassoulou était divise en162 provinces regroupés en 10 gouvernements . L´apport du Batè sera dans tous les domaines très appréciable pour le développement harmonieux de la collectivité. La vocation essentiellement agricole de ses centres ruraux ajoutée a leur proximité des riches plaines du MILO ont fait du Batè une source importante du riz. A ce point de vue ,le Batè véritablement l´un des ¨Greniers a grains¨ de l´Empire Samorien . Cette fourniture était dictée par l´organisation de l´Empire qui voulait que chaque village cultive un
champ pour subvenir aux besoins du gouvernement.
a.LE DJOMA-NOUGOUN:
Mais les Bambara occupaient déjà les lieux.NIAMAGAN dut repartir à kita ou il mourut. C’et son fils Borikodo qui réussit à s’installer sur la rive droite du Niger en fondant le village de Djoma banan c’est-dire : »la fin de l’indignité « . En effet les Sonrhai ont chassé les Keita de Niani ;ainsi en fondant donc un premier village dans le Manden post Mansa Mamoudou , c’était la fin de l’indignité et le début de la renaissance mandingue .
A Suivre….
Auteur: Diakaria Diakité