Pour les autorités guinéennes, le drame avec l’interception des 20 millions de dollars par la douane sénégalaise, c’est que même les partis et les leaders politiques modérés ou qui leur sont acquis ont du mal à ne pas critiquer. Ce qui se ressent bien avec le profil bas du RPG-arc-en-ciel. La sortie de la NGR d’Ibrahima Abé Sylla est également à inscrire dans la même logique. Et désormais, la Génération citoyenne (GECI) de Fodé Mohamed Soumah.
La déclaration de circonstance produit par ce dernier est illustrative de la gêne et du malaise dans lesquels se retrouvent aujourd’hui, les partis qui avaient fait le choix de ne pas critiquer ouvertement le pouvoir. Ayant opté pour la très hypothétique et très hypocrite position centriste et ne voulant pas donc donner l’impression d’avoir le même alignement que ceux qu’ils soupçonnent de relever du camp des radicaux, ils ont du mal à s’exprimer sur les fameux 4 milliards de FCFA. C’est ainsi que dans sa déclaration, Fodé Mohamed Soumah n’aborde que sommairement et de manière très expéditive le sujet. Ce qu’il aura le plus retenu son attention, ce sont « Les explications contradictoires et maladroites des autorités (qui) démontrent que c’est un procédé habituel et contraire aux principes de sécurité et de traçabilité des opérations financières à travers la monnaie scripturale ». Soucieux d’évacuer très vite le dossier, il s’empresse de suggérer : « une session extraordinaire pour la mise en place d’une commission d’enquête immédiate, au lieu d’attendre la prochaine session parlementaire ».
Ensuite, il passe très vite sur la critique de la stratégie de l’opposition. Mais là, il prend le temps. Ainsi, est-il écrit dans la déclaration de la GECI : « cette fixation qui consiste à s’opposer pour s’opposer, est en droite ligne de la menace de reprendre les manifestations en période du virus Ebola, la demande du renouvellement intégral des membres de la CENI, la reprise du recensement qui a coûté près de 10 millions de dollars, etc. ». S’arogeant le droit de prodiquer des conseils à certains de ses camarades politiciens, il affirme : « au-delà des rivalités politiques nécessaires à une bonne respiration de la démocratie, la sauvegarde de l’unité nationale vaut quelques sacrifices à la gorge serrée ». Selon lui, à chaque chose son temps. Comme pour dire que ceux qui sont pressés devraient savoir raison gardée.
Naturellement, il met l’occasion à profit pour, lui aussi, dire ce qu’il pense du discours de Cellou Dalein Diallo à Chicago. Retenant particulièrement le passage du discours relatif à la coalition entre l’UFDG et la Basse Guinée, Fodé Mohamed Soumah pense que c’est « une hérésie politique que de s’aventurer dans des considérations qui confineraient cette entité (Basse Côte) à la propriété exclusive d’un groupuscule, ou indexer ses ressortissants en faiseurs de rois qui rouleraient au gré du bon vouloir de certaines personnes ».
Cellou Dalein Dialla appréciera certainement.
Anna Diakité, Kabanews
