Kaléta : la fiabilité appelle à la retenue !

Les travaux avancent au même moment que l’inquiétude d’Alpha Condé. La remise selon les délais contractuels est prévue pour mai. Dans cinq mois. Seulement, l’adrénaline est redescendue du côté de Sékhoutouréya dont ce fameux barrage est considéré comme un chef d’œuvre du quinquennat. En cause : contrairement à ce qu’on nous faisait croire, ce barrage est loin de couvrir tous les besoins des Guinéens en électricité. Ce n’est donc pas le moment de ranger les lampes chinoises. On est loin du bout du tunnel. Alpha Condé en sait quelque chose.

« Le premier (Garafiri, ndlr) ne peut donner 75 MWA que si Kaléta lui donne de l’eau. Kaleta lui aussi ne peut donner ses 250 MWA en période d’étiage si Souapiti lui donne de l’eau. Comme Kaléta sera fonctionnel à partir de mai (2015) il faut que toute suite on trouve les moyens de financer la partie eau pas des turbines. Mais au moins qu’on nous aide à élaborer la partie eau pour que Souapiti puisse donner de l’eau à Kaléta quelle que soit la période », disait récemment Alpha Condé, au cours d’une rencontre avec la presse nationale. Un aveu d’impuissance rapporté sobrement par des confrères à l’oreille alerte. Ce qui revient à dire qu’il n y a pas de quoi pavoiser. Ce n’est pas un motif de soulagement, mais surtout une réalisation qui supporterait la campagne. Certes, on va donner des étincelles pour que Conakry danse et pour que le pouvoir nargue ses opposants, mais, Kaleta est loin de faire rêver. Papa Koly Kourouma avait vu juste.

En effet, l’ancien ministre avait déclaré sur les ondes d’une radio locale que le projet – barrage de Kaléta – dont ce vante aujourd’hui le Chef de l’Etat ne pourra jamais résoudre tous les problèmes d’énergie en Guinée. Ce qui tranche avec ce qui se dit dans certains proches du parti au pouvoir. Pour lui, la capacité installée à Kaléta sera de 240 Mégawats, mais qui fonctionnent au fil de l’eau. Et parce que ce barrage n’a pas de retenue d’eau suffisante pour fonctionner les 240 Mégawatts pendant l’étiage, cette puissance va chuter jusqu’à 45 Mégawats, provoquant à nouveau des délestages électriques. Pour se justifier aujourd’hui, après avoir bien compris la réalité, Alpha Condé parle de distribution d’équipement qui transporte le courant. En réalité, il est allé trop vite en besogne. Juste pour narguer ses opposants. A l’épreuve du pouvoir, Condé comprend à son corps défendant que Kaléta ne solutionne pas tout. Malgré tous les investissements faits et les surfacturations qui en ont suivi.

Jeanne FOFANA, www.kababachir.com