La réplique de Makanéra à Gassama : « çà devient trop grave » !

« Il est impossible que je sois opposé à un membre du même gouvernement. Mais si chaque ministre pouvait dans son domaine changer les lois on ne serait plus dans une République. Même les étudiants de la deuxième année de la faculté de droit savent au moins qu’il y a deux possibilités pour contredire la constitution, à priori et à postériori. »

Le ministre de la Communication veut absolument répondre à son homologue Gassama Diaby. De l’avis de Makanera Kaké qui donne des cours de droit à Gassama, « A priori c’est réservé au premier groupe le président de la république, l’Assemblée Nationale et même un dixième des députés. Mais à postériori l’article 96, troisième alinéa de notre constitution dit  »Tout plaideur peut soulever l’exception d’inconstitutionnalité d’une loi devant toutes les juridictions ». La juridiction saisie, sursoit à statuer et renvoie l’exception devant la cour constitutionnelle pour qu’elle statue dans les 15 jours de sa saisine. » Et d’égratigner un peu le patron du Département des Droits de l’Homme : « A moins maintenant que notre professeur ne connaisse pas ce qu’on n’appelle l’exception d’inconstitutionnalité parce que je peux vous apprendre depuis 1803 l’exception d’inconstitutionnalité est connue par la constitution américaine. La Guinée c’est en 2010 qu’on a intégré l’exception d’inconstitutionnalité dans notre constitution. »

Selon Makanera, il ne voulait pas répondre à la sortie de son homologue mais, justifie-t-il, « si je ne le faisais pas aussi ceux qui liront ces articles vont dire que tous les Guinéens ont le même niveau. Surtout quand on attribue cet article à un ministre de la république censé être un professeur de droit qui a enseigné en France, ça devient trop grave. Moi j’estime que le ministre qui a été professeur de droit ne peut pas aller jusqu’à ignorer un point aussi important dans la constitution et qui dit que tout citoyen qui estime qu’une loi organique est contraire à la constitution peut refuser que cette loi lui soit appliquée. »

Toutes ces piques ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, on se rappelle que Makanera Kaké s’est ouvertement attaqué à Gassama, à un moment donné, lorsque celui-ci dénonçait des entraves graves aux libertés individuelles et collectives étouffées lors des marches politiques de l’opposition. Makanera invitait les autres militants à barrer la route à l’activiste des droits de l’homme. La suite ? Alpha Condé le confirme dans le gouvernement Said II. Une confirmation qui verra l’arrivée de Makanera lui-même. Mais, la dent pourrie est toujours là entre les deux ministres de la République. Chacun le fait savoir par média interposé.

Jeanne FOFANA, Kabanews

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