Le SG du Syndicat des Militaires Retraités et Veuves de Guinée : « Le droit que nous devrions obtenir, nous ne l’avons pas reçu…»

Au cours d’un entretien accordé à notre rédaction, le Secrétaire général du syndicat des retraités et veuves de Guinée,  explique le bien fondé de la création de sa structure syndicale, qui est désormais affiliée à la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG).

Pour le Lieutenant-Colonel Jean Dougo Guilavogui, il n’y a jamais eu une liste officielle sur le nombre des militaires retraités en 2011. Selon lui, sur papier il note quelques 4 300 militaires retraités. Mais le ministre délégué à la défense, Abdoul Kabélé Camara, lui, parle de 3 928 qui sont partis à la retraite.

En plus, le SG  du syndicat des retraités et veuves de Guinée déplore l’attitude du gouvernement, qui selon lui, n’a pas honorer ses engagements, vis-à-vis des militaires retraités.

Lisez !

Bonjour  Monsieur, Guilavogui

Bonjour !

D’où est venue l’idée de créer cette structure ?

L’idée de créer cette structure est venue en 2014. Et pourquoi ? Parce quand on a été retraité, le droit que nous devrions obtenir, nous ne l’avons pas reçu. Avant de créer le syndicat, nous avons fait assez de démarches qui sont restées sans effet. Il a fallu que nous créions le syndicat qui est affilié à la CNTG. C’est ce syndicat qui nous permis d’être écouté et actuellement nous sommes dans des négociations.

Est-ce que les 4000 militaires retraités sont tous membres de cette structure ?

Sur papier, il y a 4 300. Mais selon le ministre délégué à la défense, il y a 3 928 qui sont partis. Mais en  fait, il n’y a jamais eu une liste, parce que normalement quand on retraite, quelque soit le nombre de retraités, il y a une liste nationale au niveau de l’armée. Le ministère de la défense devait nommément, donner une liste des 3 928 ou des 4 300. Mais c’est chose qui n’a jamais été faite. Nous avons demandé au cours de notre négociation avec le Premier ministre, de demander au ministre de  la Défense de nous donner la liste des retraités, parce que souvent ils font allusion de ceux de 1952 à 1971, ce sont eux qui sont partis à la retraite. Nous, nous sommes partis en 2011. Donc la classe 52 jusqu’à la classe 1975.

L’armée guinéenne est créée le 1er novembre 1958. De 1952 à 1958 c’est l’armée coloniale. Ça, ça ne fait pas parti de l’armée guinéenne. Il y a un seul qui a été rappelé le Général Fodé Momo Camara, qui avait été rappelé par le Feu Général Lansana Conté. Mais ça, après l’armée française, ce sont eux qui ont formé l’armée guinéenne. Il a été rappelé quelque temps après que le président Lansana Conté est décédé, il était le seul. Quand ils font allusion de 1952 à 1975, nous voulons une liste et suivant cette liste là, on saura  réellement le nombre des partants.

Si je comprends, il y a encore un doute qui plane autour du nombre de militaires qui devraient aller à la retraite. Est-ce que sur le plan juridique, tous ceux qui sont partis à la retraite étaient déjà arrivés à terme ?

Sur le plan juridique, non ! Par exemple pour les officiers supérieurs, il est dit dans les statuts qu’un Officier supérieur doit avoir 65 ans d’âge et 45 ans de service. Si tu as 65 ans d’âge tu n’as pas 45 ans de service,  tu peux continuer jusqu’à 45 ans de service.  Maintenant si tu as 45 ans de service tu n’a pas 65 ans, normalement  tu dois continuer jusqu’à 65 ans.

Mais  comme ils disent qu’il y a une dérogation de ça d’autant plus qu’après la prise du pouvoir par le CNDD, il y a la rencontre à Ouaga pour la reforme des forces de défense et de sécurité. C’est dans ce cadre qu’on devrait partir avec tous les honneurs. Chose qui n’a pas été faite.

Est-ce que dans cette reforme des forces de défense et de sécurité, il y a encore au sein de l’effectif, des militaires qui devraient aller à la retraite, mais qui continuent à exercer des fonctions au sein des forces armées, à votre connaissance?

A ma connaissance, non ! Ça dépend du ministère de la Défense nationale. Moi je suis de la Promotion 1971, donc de 71 jusqu’à ma date de retraite j’avais 40 ans 6 mois. Maintenant là, il y a la promotion 76, 77, 78. La retraite ça dépend maintenant du ministère de la défense, du président de la République.

Quelles sont vos revendications ?

Nos revendications, nous avons demandé premièrement qu’on crée un poste de Secrétariat d’Etat rattaché à la présidence de la république chargé des militaires retraités et les veuves à savoir les veuves des militaires retraités, parce que notre syndicat quand on dit  syndicat national des militaires retraités et veuves de Guinée, les veuves ce sont les femmes des militaires, ceux qui sont morts au front ou ceux qui sont morts d’une mort naturelle. Donc ce sont celles là, que nous parlons.

Mais dans le syndicat, ce sont les veuves des  militaires retraités ou des militaires qui sont morts.

La reforme du secteur de défense et de sécurité a quand même été effectuée avec des mesures d’accompagnement ?

Les mesures d’accompagnement, on nous a promis 4 mois. Je ne sais pas par quelle manière le gouvernement a négocié pour trouver les 4 mois. Nous, à notre entendement, nous avons pensé que quand il y a des mesures d’accompagnement des institutions internationales, on ne doit pas parler des mois,  4 mois de salaire selon aussi les différents grades. Ils ont quand même promu quatre mois. Les quatre mois là, le PNUD a payé trois mois, le gouvernement 1 mois.

Nous avons reçu l’argent du PNUD, mais là aussi, la façon dont nous avons reçu nous nous sommes dits que ce n’est pas l’argent du PNUD, parce que  quand il y a l’argent dans le cadre des mesures d’accompagnement, il doit y avoir un bulletin qui dit que ça, ce sont les mesures d’accompagnement.  Mais c’est sur nos bulletins de solde qu’on a mis décembre 2011 fois trois. Nous avons pensé que le mois décembre 2011 est sorti du budget de l’armée. Eux, ils disent que décembre 2011 fois trois est donné par le PNUD. Ce qui devait être donné par le gouvernement n’a pas été donné. Dans notre pays en Guinée, pour que les militaires partent en retraites ils ont toujours droit à 6 mois de congé libérable, c’est-à-dire, quand vous devrez partir, à la fin de l’année, à parti du 1er juillet jusqu’au 31 décembre, on vous dit maintenant vous êtes en congé libéral, c’est-à-dire, vous êtes libres d’aller se vaquer à vos occupations à chercher à déménager si vous êtes dans les casernes et à partir du 31 décembre vous êtes à la retraite.

Vous avez également menacé de descendre dans la rue si jamais vos revendications ne sont pas prises en compte. Est-ce que la main tendue du gouvernement ne pas une façon de dissuader votre mouvement ?

Nous, nous marchons parce que nous n’avons pas été satisfaits. Si nous sommes satisfaits, nous n’allons pas marcher. Si le gouvernement satisfait notre revendication, à quoi bon de marcher ?

On a toujours l’impression qu’il y a toujours un doute sur la transparence dans la reforme des forces de défense et de sécurité ?

Il n’y pas eu de transparence. Et comme nous, nous sommes déjà partis à la retraite,   la reforme ça ne nous incombe plus, surtout que nous nous considérons comme des civils.

S’il n’y a pas de suite favorable à vos revendications, que comptez vous faire ?

Nous sommes déjà prêts. Tout est préparé, ce qui nous retient à ne pas sortir  dans la rue pour marcher, c’est parce que le président de la République nous a dit d’attendre jusqu’à son retour des Etats-Unis, qu’il a déjà compris notre revendication, quand il vient il n’y aura plus d’intermédiaire entre lui et nous, ça sera sur la table et il dit que nos revendications ce n’est pas vraiment de la mer à boire. Moi, personnellement je crois qu’à son retour il fera quelque chose. Si ce qu’il fait est accepté par l’ensemble parce que moi je ne suis qu’un porte parole, tout ce qui se fera, je vais rendre compte Si c’est fait, il n’ya aura pas de problème, mais si ce n’est pas fait c’est un problème, je ne sais pas ce qui va sortir devant, mais nous allons marcher.

Depuis votre départ à la retraite en 2011, il n’ya pas eu d’autres vagues de retraités. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir été sacrifié pour une cause?

Consciencieusement, si vous voyez jusqu’ à présent nous sommes restés tranquille, c’est parce que nous qui sommes partis beaucoup avaient l’âge de partir. Moi-même, après 40 ans, bien qu’en tant que Lieutenant je n’avais pas encore 41 ans de service. Normalement, le statut voulait que je continue. Mais, ils ont voulu ainsi, et moi je me suis dit que ce n’’était pas la peine. En fait, nous sommes frustrés, mais nous acceptons  et nous demandons à ce qu’on nous remet notre droit. Et surtout, le droit là que les autres ont perçu avant nous, qui est le congé libérable. Avec les accords de Ouaga, les mesures d’accompagnement que nous avons obtenu de la communauté internationale, que nous puissions les avoir. Et si nous avons ces deux là, plus la création du Secrétariat d’Etat chargé des militaires retraités ou des anciens combattants, ça sera une innovation même pour notre pays et ça sera très bon pour le gouvernement guinéen.

Nous sommes au terme de notre entretien, quel est votre dernier mot

Mon dernier mot, je vous remercie sincèrement, je remercie tous les bons patriotes guinéens qui pensent à nous,  aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Guinée, nous les bénissons et nous prions pour eux, et nous sommes à leur disposition.

Merci mon Colonel.

C’est à moi de vous remercier.

Propos recueillis par Abdoul Wahab Barry

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.