LIBERTE DE LA PRESSE : La réplique de RSF à Alpha Condé

Durant sa conférence de presse de mercredi dernier, le président Alpha Condé ne s’était défoulé que sur ses opposants qu’il avait, entre autres, qualifié de « rigolos » et de « nains politiques ». Il s’était également chargé des médias de son pays. Des médias dont on sait qu’il ne les porte pas particulièrement dans son cœur, dans la mesure où cette conférence de presse était la troisième de son mandat dont il ne reste qu’une seule année. Au passage, il a copieusement chargé l’ONG de défense et de promotion de liberté de presse, Reporters sans frontières (RSF). Une attaque que cette dernière n’a cependant pas laissé passer. Dénonçant ce qu’elle assimile à une incohérence de la part du président Alpha Condé, l’ONG profite de l’occasion pour faire l’inventaire de toutes les menaces dont les journalistes guinéens ont été victimes depuis l’arrivée du président de la République au pouvoir.

Le point d’attaque du président de la République contre la presse guinéenne est parti de l’histoire de l’accréditation non renouvelée de Mouctar Bah, le correspondant de la radio internationale, RFI, en Guinée. Comme pour soutenir son ministre de la communication qui s’oppose à ce renouvellement, le président Alpha Condé déclare : « Je m’en fous de ce que Reporters sans frontières va écrire (…). Ce n’est pas eux qui dirigent la Guinée. Moi, je n’ai aucune crainte des lois internationales ou des droits de l’homme ». Il se dit d’autant plus insensible à ce que la presse peut penser de lui que, confesse-t-il : « Je ne lis aucun journal, je ne vais pas sur Internet et je n’écoute pas les radios ».

Dans sa réplique, Reporters Sans frontières (RSF) aussi ne prend pas de gants. En effet, dans un communiqué signé de son secrétaire général, Christophe Deloire, l’ONG estime qu’il « est dommageable que le président guinéen tienne des propos aussi acerbes contre une organisation qui défend simplement la liberté de l’information ». D’autant plus dommageable que, selon RSF, les propos tenus par le chef de l’Etat donnent de lui l’image d’un « dirigeants incohérent ». En effet, estime Christophe Deloire, le président Alpha Condé qui se proclame démocrate, « affirme ne pas lire la presse, Internet ou écouter la radio, revient à signifier le peu de considération qu’il semble avoir vis-à-vis d’une fonction sociale pourtant essentielle pour l’exercice normal de la démocratie ».

Pour le reste, RSF, évoquant un environnement guinéen qui est loin d’être idéal pour les journalistes et les médias, établit un bilan plus que calamiteux pour la liberté de la presse en Guinée, depuis l’élection du président Alpha Condé, il y a de cela quatre ans. Un bilan étayé par l’inculpation de Mamadou Saïdou Barry du site afriquezoom.com, les menaces sur Mandian Sidibé de Planète FM et Moussa Diawara de Batè FM, contraints à l’exil. Naturellement, s’ajoute à ces éléments, les difficultés liées au renouvellement de l’accréditation à l’intention de certains correspondants de médias étrangers, dont justement Mouctar Bah de l’AFP et de RFI.  

Anna Diakité, www.kababachir.com 

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