Louise Mushikiwabo à l’OIF : la rançon des combines d’arrière-cour

L’arrivée de Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)  n’est que le résultat des manœuvres diplomatiques allant du Québec, au Canada, à Paris jusqu’à Kigali. Les autres nombreuses combines d’arrière-cour faites de promesses, pour rêver d’une place de membre non permanent du Conseil de sécurité (ONU) sont venues affiner la matoiserie et faire passer la pilule.

La Rwandaise Louise Mushikiwabo ex-ministre des Affaires étrangères a été nommée samedi 12 octobre à la tête du secrétariat général de l’OIF, lors du 17ème sommet de la Francophonie, à Erevan en Arménie. Elle remplace ainsi la Canadienne d’origine haïtienne : Michaelle Jean en quête de second mandat. La francophonie au Rwanda ? Très paradoxale au moment même ce pays s’est carrément tourné vers l’anglais devenu langue officielle, en lieu et place du français. Et mieux, Kigali est loin d’être un modèle de démocratie, l’autre volet que promeut la nouvelle OIF.

Il n’empêche ! Le Québec, le Canada et les autres grands soutiens de la patronne déchue ont opté pour Louise Mushikiwabo. Mais, pour quel enjeu ? Selon la presse occidentale, la France aurait promis au Canada d’appuyer sa campagne pour un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU contre le retrait de sa ressortissante. L’un des enjeux : éviter que le sommet ne se retrouve parasité par la question du secrétariat général sur fond de désaccord entre les deux gros bailleurs de l’OIF. A cause de toutes ces manœuvres, Michaelle Jean a mordu la poussière. La France, voulant se réconcilier avec Kigali a très tôt affiché sa volonté de pousser vers la sortie la Canadienne. Pour y arriver, elle a impliqué tout le monde. Y compris les compatriotes de la patronne dégommée. Cette diplomatie hypocrite purement à l’occidentale masque pourtant à peine les dérives de l’homme fort de Kigali. On annonce huit journalistes tués depuis 1996, 35 contraints à l’exil, une 156e place sur 180 pour la liberté de la presse. C’est vrai que le bilan du Rwanda, en la matière, n’est pas flatteur.

La restriction des libertés d’expression parlent d’elles-mêmes : le nouveau code pénal rwandais prévoit deux ans de prison pour tout outrage à un parlementaire ou un agent public et cinq à sept d’ans d’emprisonnement en cas d’injure ou de diffamation envers le chef de l’Etat. La France, berceau de la démocratie n’en a cure. Elle a un intérêt à sauver. « Quand la francophonie est un club fermé, où quelques-uns donnent des leçons aux autres, cela ne produit aucun résultat », a déclaré Emmanuel Macron.

Louise Mushikiwabo est désormais la patronne de l’OIF, pendant que Paul Kagamé reste le patron de la présidence tournante de l’Union africaine. Un retour sur la scène internationale, en dépit des déviations du régime de Kigali.

Jeanne Fofana, www.kababachir.com

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