L’opposition guinéenne avait appelé ce lundi 4 mai 2015 à la poursuite de sa série de manifestations sur toute l’étendue du territoire national. Contrairement à la précédente, les responsables locaux des opposants au régime du Pr. Alpha Condé ont adressé un courrier d’information à la marie de Labé, comme le stipule l’article 10 de la Constitution.
Ce lundi matin donc, aucun agent des forces de l’ordre n’était visible dans la ville. La manifestation a débuté de façon effective aux environs de 12 heures a-t-on constaté sur place. Les militants et sympathisants majoritairement de jeunes et femmes ont battu le macadam du rond-point Hoggo M’Bouro devenu le principal point de ralliement – jusqu’à la place des martyrs en passant par la corniche bordant le marché central de Labé fermé pour la circonstance , mais on apercevait tout de même l’ouverture des banques primaires.
Sans pancartes et visiblement remontés, les manifestants scandés de slogans hostiles au président de la République et à la CENI (commission Électorale Nationale Indépendante) : « Alpha zéro ! Alpha Ebola ! CENI zéro ! »
Aux environs de 13 heures, le cortège de manifestants conduit par les députés Honorable Mamadou Cellou Baldé et Madame Mariama Tâta Bah arrive sur les lieux d’où les attendait une foule immense sous un soleil ardant.
Prenant la parole comme l’accoutumée avec son franc parlé teinté de Poular et de la langue de Molière , la députée nationale UFDG (union des forces démocratiques de Guinée) de Labé, Honorable Madame Mariama Tâta Bah a tout d’abord remercié les uns et les autres d’avoir répondu à leur appel avant de tirer à boulets rouges sur le régime actuel sous un tonnerre d’applaudissements : « Vive la jeunesse de Labé, à bas la dictature du Pr. Alpha Condé. Si je pouvais me mettre devant le Professeur [Alpha Condé] aujourd’hui, je l’aurais dit de baisser l’ancre. Mais malheureusement, je ne peux pas le faire, mais je l’ai pris de voir l’Internet pour savoir quelle est la décision des militants et sympathisants de l’opposition républicaine à Labé.» Conseille-t-elle au Président de la République.
Poursuivant son intervention, elle affirme : « Je ne peux pas parler beaucoup parce que depuis le matin nombreux qui sont parmi nous sont sous le soleil (...) je viens de rentrer d’une mission au Vietnam. Quand je suis allée, j’avais tout fait pour rencontrer la vice-présidente de l’Assemblée nationale de l’Allemagne (...) notre pays a envoyé des gens pour se former pour l’industrialisation de l’huile de karité. Vous savez actuellement, si vous voulez voir une plante de cette nature, il faut que vous alliez dans ces deux préfectures à savoir Kankan et Mali. Mais quand ils sont allés pour la formation, ils les ont fait savoir comme s’ils revenaient pour implanter des muni industries [dans les deux préfectures] pour exploiter l’huile de karité. Que Dieu nous en garde d’Alpha Condé ». Amen répondent les militants.
Et de renchérir : « Je leur avais dit ce qui avait été conclu n’a pas été réalisé au Foutah, car il [Alpha Condé] sait qu’il n’est pas le bienvenu ici et ne le sera jamais. Ils sont allés implanter l’industrie à Kankan parce qu’il [Alpha Condé] est de là-bas dit-on, mais tout le monde sait d’où il est originaire, Alpha Condé, c’est un Burkinabé. Nous allons tout fait faire pour implanter pour une pareille usine au Foutah. » A-t-elle promit.
Quant au député uninominal de Labé, honorable Mamadou Cellou Baldé, il a invité ses militants à aller, se faire recenser, arguant que le président Alpha Condé compte passer par le fichier électoral pour truquer les élections.
À l’inverse de la capitale Conakry, la marche s’est achevée aux environs de 14 sans heurts et aucun incident n’a été signalé.
Il faut rappeler que cette marche fait suite à l’annonce de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) au mois de mars dernier de la présidentielle pour le 11 octobre 2015 et les communales en 2016. Depuis, l’opposition guinéenne dénonce ce calendrier électoral qu’elle de la discorde et demande un réel dialogue politique avec le gouvernement, mais un gouvernement qui avec toute vraisemblance exclurait toute préalable pour la reprise du dialogue inter guinéen montrant de facto la crise de confiance qui existe entre mouvance et opposition.
Sally Bilaly Sow, correspondant Kabanews à Labé