Il vient de faire son grand oral devant les députés, mais il n’a pu convaincre personne. Le ministre de la Communication est des plus sclérosés. Aucune action concrète n’est posée pour bien booster les médias d’Etat (RTG, Horoya, etc.) et leur permettre de tenir la concurrence. La couverture du territoire national par la radio et la télévision nationales ainsi que le Quotidien national ou de ce qui en reste ne semble point être un souci pour le ministre.
Au lieu de s’occuper de ces défis majeurs, Makanera lorgne du côté des médias privés pour faire le gendarme, en lieu et place de l’autre institution républicaine qui se meurt : le CNC de Martine Condé. Récemment, le ministre de la Com s’insurge ou plutôt de déchaîne contre des médias privés, allant jusqu’à menacer leur fermeture. Aujourd’hui, l’option s’est révélée contre-productive. Et du coup, le ministre déjà aux abois, confesse avec une allure familiale: « Je n’ai rien contre Lamine Guirassy et son groupe média. Ce que vous ne savez pas, je suis plus proche de Lamine que tous les autres médias. J’avais eu sa tante comme épouse qui a fait mes quatre filles. Quand il était petit, on a vécu dans la même maison. Rien ne m’oppose à Lamine Guirassy. Je suis très heureux de regarder Espace TV. Nous avons transmis le dossier (NDLR, d’Espace TV) comme étant conforme aux textes en vigueur. Le blocus se trouve au niveau du conseil national de la communication. Il manquait au groupe la capacité financière. »
Récemment, à propos justement de cette affaire d’Espace TV Gassama Diaby a pris position. « Il ne s’agit pas d’une querelle entre deux personnes, ce n’est pas une question de personnes, mais d’approche et de point de vue. » Car, après tout, « Les affaires d’Etat ne se gèrent pas à travers des susceptibilités personnelles et individuelles. » Partant, en sa qualité de ministre des droits de l’homme, il n’est pas d’accord sur un certains nombre de principes. Il estime donc que « Ce n’est pas une bonne approche, de réduire ce sujet à une affaire de personnes. Nous sommes tous membres d’un même gouvernement, malgré cela, il peut y avoir des divergences d’approches, c’est tout à fait normal. Maintenant à chacun de jouer son rôle, d’assumer ses attributions, de le faire en son âme et conscience, conformément aux dispositions et à l’esprit de nos lois, et dans l’intérêt de notre peuple et de notre pays. »
Le ministre Diaby, s’inscrit en faux contre ce que son homologue de la Communication appelle ‘’ la loi sur la liberté de la presse qui dépénalise les délits de presse est inconstitutionnelle.’’ Faux, réplique Kalifa Gassama Diaby.
Et de justifier : « Cette loi est une avancée salutaire pour notre pays et la démocratie que nous sommes entrain de construire. Aucun pouvoir public, aucun représentant de l’Etat ne peut mettre en doute ou en cause, la validité, en l’espèce la constitutionnalité d’une loi régulièrement votée par l’Assemblée nationale (ou par ce qui fait office d’assemblée nationale), validée par la Cour suprême et promulguée par le Président de la République. » Et Makanera d’égratigner un peu le patron du Département des Droits de l’Homme : « A moins maintenant que notre professeur ne connaisse pas ce qu’on n’appelle l’exception d’inconstitutionnalité parce que je peux vous apprendre depuis 1803 l’exception d’inconstitutionnalité est connue par la constitution américaine. La Guinée c’est en 2010 qu’on a intégré l’exception d’inconstitutionnalité dans notre constitution. »
Jeanne Fofana, www.kababachir.com