Des dizaines de femmes, appuyées par des jeunes, manifestent en ce moment à Kaloum, centre d’affaire et administratif de Conakry. Les protestataires réclament la réouverture de la mosquée sénégalaise fermée depuis le mois d’avril dernier par les autorités guinéennes pour un problème d’imamat.
Construite en 1919 par la communauté sénégalaise vivant en Guinée, la mosquée sénégalaise située tout près du marché Niger, au cœur de Kaloum, a été rénovée récemment par des personnes de bonnes volontés.
La fermeture de la mosquée, peu après son inauguration, est née de la désignation d’un imam, un certain Soumah qui a été rejeté par le collège des imams de ladite mosquée. Le premier imam, El hadj Diaby, malade ne pouvant plus assumer les fonctions qui lui dévolues, le second un peulh sénégalais et le 3ème un peulh guinéen, mais qui, aux yeux des autorités de la Ligue islamique nationale ne peuvent pas remplacer le premier imam, pour une raison dont on ignore.
Constant que l’imam désigné a été protesté par ses pairs, les autorités guinéennes, au lieu de trouver une solution à la crise, ont décidé de fermer la mosquée jusqu’à nouvel ordre.
Trois mois après, la crise perdure les autorités n’arrivent toujours pas à trancher, et les populations s’impatientent et veulent obtenir sa réouverture avant le début du mois Saint de Ramadan.
Après multiples démarches menées auprès des autorités pour obtenir la réouverture de cette maison de Dieu, les populations de Kaloum ont passé à la vitesse supérieure ce lundi. Des femmes et des jeunes ont très tôt barricadé l’accès qui mène la mosquée et balayent l’enceinte de la mosquée pour dit-on, sa rouvrir aujourd’hui dès ce lundi.
Sur la raison de leur protestation, le porte parole des protestataires Mme Yalikha Touré explique : « Nous sommes des musulmans, depuis trois mois cette mosquée est fermée et c’est le mois de Ramadan qui s’approche. On ne peut pas accepter qu’on ferme cette mosquée pour des raisons politiques et ethniques. Aujourd’hui on ne quittera pas ici tant que la mosquée n’est pas rouverte » a –t-elle lancée dans la foulée.
Présent sur les lieux, le porte parole de la police, Commissaire Kassé tente de sensibiliser les jeunes et les femmes mais sans succès : « Faites attention vous les jeunes. Ce n’est pas vous qui avaient fermé cette mosquée, c’est moi qui ai fermé cette mosquée au nom de l’autorité. C’est un problème de religion. J’ai informé le gouvernement et le ministre, des dispositions sont en train d’être prise pour sa réouverture, mais vous n’avez pas à vous mêlez dans cette affaire » a-t-il déclaré.
Au moment où nous quittions les lieux, les femmes, appuyés par des jeunes surexcités occupaient toujours les lieux et l’accès de la mosquée était barricadé, sous les yeux impuissants des forces de l’ordre, qui avaient du mal à réagir au risque de créer des troubles à Kaloum, pendant cette période où le climat politique et social reste fragile dans notre pays.
Nous y reviendrons
Abdoul Wahab Barry, www.kababachir.com