Médiation internationale : l’exemple Burundais pourrait-il inspirer les opposants guinéens ?

Nous allons nous plaindre auprès de la communauté internationale. Nous avons la garantie du médiateur du secrétaire général des Nations-Unies. C’est entre autres les déclarations qui reviennent en boucle dans la bouche des opposants en Guinée. Avant l’arrivée par effraction d’Alpha Condé, pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle et après les assassinats ciblés d’opposants. Plus récemment, avec l’organisation du dialogue politique inter guinéen.

A chaque fois, l’opposition est flouée, soit par les médiateurs étrangers, soit par le pouvoir. Le Burundi avec la crise a trouvé le bon choix. En effet, Saïd Djinnit, le représentant du secrétaire général des Nations unies, qui fait office de médiateur entre le président Nkurunziza et son opposition, a été récusé, ce jeudi 4 juin, par 17 formations et partis d’opposition du Burundi, qui demandent au secrétaire général de l’ONU un nouveau médiateur. Cette démarche est plutôt rare, de la part des opposants africains, selon la presse étrangère. Eh bien, cette idée est largement partagée par des observateurs qui voient en ces médiateurs de simples aventuriers qui s’enrichissent. Nourris et logé avec Caviar et prostituées – une expression de Baadiko de l’UFD -, les médiateurs commencent donc à agacer.

Selon le chroniqueur JB Blacca de RFI, « Sans verser dans la provocation, l’on a envie de dire merci et bravo aux Burundais, en espérant que leur courage, dans ce domaine-là aussi, fera école. Il fallait forcément un certain courage aux leaders politiques et de la société civile burundaises, pour apprécier ce qu’ils ne veulent plus, et être capables, devant l’inacceptable, de faire comprendre à leurs interlocuteurs, y compris au représentant du secrétaire général des Nations unies, que cela ne sera pas accepté. Un médiateur qui penche pour le pouvoir, c’est fréquent, mais c’est surtout nuisible, surtout lorsque c’est l’avenir d’une nation qui se joue. La vérité est que monsieur Djinnit vient d’essuyer un camouflet, qui devrait faire réfléchir plus d’un médiateur, en particulier ceux qui sont si souvent tentés de ruser avec le destin des peuples. »

Aux leaders politiques guinéens et à la société civile amorphe de se lever cette fois-ci contre ce qu’il appellent communauté internationale qui refuse de suivre le respect des accords politiques du 3 juillet signé de tous y compris la France, les USA et l’UE, ainsi que du pouvoir et de l’opposition. Car, pour Placca, « On ne peut pas poser impunément certains actes, sous le seul prétexte que l’on est médiateur, prendre parti en donnant l’impression d’être neutre. Il faut en finir avec ces médiateurs à la crédibilité douteuse, qui font tant de mal à l’Afrique, qui nuisent tant aux peuples africains. Pour cela, il fallait que les plus faibles, en général les opposants, sachent que l’on peut récuser un médiateur que l’on ne trouverait… pas net. A ceux qui ne le savaient pas, les Burundais viennent de le démontrer, d’une manière simple, claire, sans bavure. »

Allons donc.

Jeanne FOFANA

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