Des ONG voulaient que le procès des assassins présumés de Thomas Sankara soit filmé. Mais, la justice s’y est opposée.
Peu avant le début du procès sur les circonstances de l’assassinat en 1987 de Thomas Sankara, des organisations de la société civile, avaient émis le vœu qu’il soit retransmis en direct à la télévision et à la radio, à l’image des tribunaux populaires de la révolution initiée par Thomas Sankara.
Cette démarche, selon le capitaine président assassiné, répondait à un impératif de dissuasion et avait une valeur historique. Paradoxe, 37 ans après son meurtre, son jugement est interdit d’enregistrement.
Grande déception
La déception est grande pour de nombreux Burkinabè de constater que le procès de l’assassinat Thomas Sankara et de ses douze compagnons ne sera pas enregistré ou filmé même par la direction de la communication des forces armées.
De nombreux Burkinabè continuent de rendre hommage à Thomas Sankara
Le juge Urbain Meda, président de la chambre de jugement de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou, n’a pas accédé à la requête des avocats de la partie civile.
Cette décision est inopportune de l’avis du secrétaire général du comité international du mémorial Thomas Sankara.
« Nous sommes un peu dégoûtés. Dans les grandes démocraties, il y a toujours une histoire. Le déroulement effectif de ce procès longtemps attendu partout dans le monde méritait que des historiens, des chercheurs puissent dans vingt ans, trente ans, cinquante ans s’y pencher« , estime Luc Damiba.
Thomas Sankara assassiné le 15 octobre 1987
La défense satisfaite
La défense qui a plaidé pour l’interdiction d’enregistrement de ce procès, est plutôt satisfaite de cette décision du tribunal qui, pour elle, répond à des principes juridiques préétablis.
Maître Moumouny Kopiho, avocat de la défense, a vivement insisté sur le fait qu’il ne souhaiterait pas se voir filmer ou enregistrer au cours d’une audience même emblématique.
« J’ai demandé que la loi soit appliquée. La loi dit qu’on n’enregistre pas les procès. Et on vient demander de déroger à la loi parce que c’est un dossier emblématique. Respectons notre justice« , explique l’avocat.

Un acte pas pourtant illégal
L’enregistrement audiovisuel des audiences n’est pourtant pas illégal au Burkina Faso, soutient maître Séraphin Somé, avocat de la partie civile.
« Contrairement à ce que le tribunal a avisé comme disposition, autorisant de ne pas permettre d’enregistrer, il y avait pourtant d’autres dispositions dans notre code de procédure pénale qui prévoient qu’on puisse enregistrer les débats au cours d’un procès« , fait savoir maître Séraphin Somé. Écouter l’audio en cliquant sur le lien ci-dessous:
https://www.dw.com/fr/mort-de-sankara-pourquoi-le-proc%C3%A8s-nest-pas-film%C3%A9/a-59496377
Les précisions de notre correspondant au Burkina FasoL’argument principal de la défense, brandissant un journal en guise d’exemple, de ne pas voir des questions de sécurité nationale divulguées par la presse semble avoir convaincu le tribunal.