C’est à croire que les partis politiques de l’opposition parlementaire n’ont pas suivi le compte-rendu du point de presse animé le mardi par certains membres de la CENI. En effet, à la faveur d’une conférence qu’ils ont conjointement animée ce mercredi à Conakry, les leaders opposés au régime en place, sont revenus sur la nécessité, selon eux, de la recomposition de la CENI. Mais n’évoquant pas que cela, ils ont également flétrit la gestion de l’épidémie Ebola et ont tout naturellement dénoncé la sortie »frauduleuse », insinuent-ils, de l’argent intercepté à Dakar.
En ce qui concerne ce dossier parmi les plus brûlants de l’heure, Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition républicaine, a notamment regretté que l’on sorte de l’agent du pays alors que, selon lui, « Le président de la République a tenu un discours misérabiliste devant la communauté internationale et les responsables des compagnies aériennes. Alpha Condé a prié les uns et les autres pour nous aider à avoir des ambulances et à créer quelques centres d’isolement et traitement. Pourtant, ceux-ci ne représentent que des petits bâtiments, moins encore des petites clôtures comme dispositifs sécuritaires ». Ici, il fait allusion à la dernière rencontre que le président Alpha Condé a eue avec les diplomates, les représentants des institutions républicaines et les responsables des compagnies aériennes. Le patron de l’Union des forces du changement (UFC) pense que le plaidoyer que le chef de l’Etat a décliné ce jour-là devant les partenaires potentiels du pays ne saurait se justifier si au même moment des sommes colossales sortent du pays selon des « méthodes mafieuses ».
Selon Aboubacar Sylla, il serait également intéressant de savoir d’où provient l’argent ainsi intercepté. Soupçonnant une provenance tout aussi douteuse, il émet des hypothèses qui relèvent de l’ironie : « Est-ce que des petits hôtels qui n’ont qu’un taux de participation de 10 pour cent ? Ou des tourismes invisibles en République de Guinée ? Est-ce qu’encore des produits de commission versés de façon illicite à des dirigeants de ce pays et transportés dans les valises. On se demande, si ce sont des francs guinéens détournés du trésor public qui sont monnayés sur le marché d’échange local pour blanchir dans les circuits officiels ? »
Pour ce qui est d’Ebola, on n’aura pas entendu du nouveau. Comme toujours, l’opposition guinéenne demeure convaincue que l’origine dont souffrent aujourd’hui la Guinée, le Liberia et la Sierra Léone notamment relèvent de la mal-gouvernance. Mais à ce fléau global, se seraient ajoutés, la désinvolture, le laxisme, le laisser-aller et l’amateurisme avec lesquels l’épidémie aurait été gérée. Conséquence, estime l’opposition, elle se serait propagée sur l’ensemble du pays et dans les autres pays dont les deux limitrophes de la Guinée du côté sud.
Enfin, une nouvelle fois, l’opposition a demandé la recomposition de la CENI. Mohamed Tall de l’UFR et Dr. Fodé Oussou Fofana se relayant sur la question, ont tour à tour justification cette revendication par le fait que l’instance ne serait plus paritaire et qu’elle serait totalement inféodée au pouvoir et à ceux qui le soutiennent. Pour les deux opposants notamment, la recomposition de la CENI éviterait qu’elle retombe encore dans les erreurs du pays. Ce qui aurait déjà commencé, sous-entendent-ils.
Anna Diakité, Kabanews