Depuis l’interdiction de tous les travaux sur les domaines publics, prononcée par le nouveau ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, les déguerpissements se multiplient à Conakry et dans ses environs. Après Sonfonia Petit Lac, Cameroun et Nongo entre autres, c’est autour du quartier de Keïteyah (relevant de la préfecture de Dubréka) de recevoir la visite de responsables du département. Ceux-ci ont entrepris ce vendredi la démolition de toutes les habitations construites sur un domaine de 214 hectares, appartenant à l’État.
Selon le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire Lounceny Camara, des logements sociaux seront bientôt construits sur ce site. Quant aux victimes, elles sont partagées entre colère, tristesse et incompréhension. Elles sont désormais des sans-abris, obligées d’être à la belle étoile pendant que nous entrons progressivement dans la saison pluvieuse.
Les autorités guinéennes ont récemment déclaré la guerre aux occupations illégales de domaines appartenant à l’État. Une vaste campagne a été lancée. Celle-ci vise à récupérer tous les domaines étatiques. Officiellement, ces récupérations permettront de construire des lieux de culte, des logements sociaux et/ou des centres de loisirs pour les jeunes. Le gouverneur de Conakry Soriba Sorel Camara et le ministre Lounceny ont annoncé qu’aucune occupation établie sur la base de faux contrats ne sera épargnée par le ratissage en cours.
Ils préviennent que l’État ne fera ni recaser ni dédommager les déguerpis, qui ont occupé ces parcelles de manière illégale. Faut-il craindre la création des nouveaux “Kaporo-Rail” (un quartier de la commune de Ratoma entièrement démoli en 1998, NDLR) au sein de nombreux quartiers de Conakry ? L’inquiétude est réelle car si l’État guinéen a du mal à construire, il est capable de détruire des quartiers entiers à la fois. Les victimes de Kaporo-Rail sont témoins.
Thierno Diallo, Kababachir.com