En raison d’une gêne des plus évidentes, les responsables du parti au pouvoir ne voudraient que la crise qui secoue la maison commune éclate au grand jour. On cherche ainsi par tous les moyens à étouffer la fronde, ou tout au moins à en minimiser l’ampleur. Mais de même qu’on ne peut cacher le soleil avec la main, on ne peut dire à la crise profonde que travers le RPG-arc-en-ciel d’aller se savoir. Tout simplement parce que l’évidence ne se nie pas. Ironie du sort, ce sont les mêmes responsables qui s’échinent à banaliser le mécontentement de la jeunesse qui sont de plus en plus obligé de révéler au grand l’ampleur du mouvement de fronde. C’est du reste ce qui s’est passé ce samedi avec Malick Sankon, propagandiste hors-pair du président Alpha Condé.
En marge de l’Assemblée générale hebdomadaire du samedi dernier, le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a fait valoir qui en dit long sur la profondeur de la crise. Constatant au même titre que le président de l’Assemblée nationale, le boycott des activités du parti par les jeunes frondeurs, Malick Sankon emprunte le ton de la plaidoirie : « Quand tu es fâché contre ton père, même si tu as raison, cela ne te donne pas le droit de le faire honnir. Quelle que soit ta colère, quelqu’un ne peut pas venir chez toi pour faire honnir ton père et que tu le laisses faire ».
Envisageant les conséquences de cette fronde sur le pouvoir du président Alpha Condé via notamment les prochaines consultations électorales, il lance également :
« Si nous voulons qu’Alpha Condé réalise son programme, il faut qu’on lui donne le pouvoir de maitriser l’ensemble du territoire national. Si nous ne gagnons pas la majorité des communes, cela va jouer sur notre pouvoir. Il faut qu’on se comprenne, sinon on risque de perdre. Acceptons de dialoguer pour sortir de cette situation et préparer les élections ».
Seulement, Malick Sankon ignore qu’en tant que tel, il est l’incarnation de ce que dénoncent les jeunes mécontents du parti. Opportuniste et démagogue attitré, il est de la race de ceux dont l’émergence au sein du parti est contestée, parce que n’étant pas dictée par une conviction. Du coup, son intervention, au lieu de calmer la fronde, ne peut que la raviver. Car il s’agit bien d’une manière de narguer ceux qui sont mécontents.
Anna Diakité, www.kababachir.com