Le ministre délégué à l’Economie et des Finances est manifestement sur une corde raide. Considéré à tort ou à raison comme l’un des chantres des scandales financiers orchestrés ces derniers temps Mohamed Diaré, puis que c’est de lui qu’il s’agit vit aujourd’hui ces derniers instants, au regard des patentes inimitiés et autre crise de confiance qui empoisonnent inexorablement les rapports entre Alpha Condé et son ministre délégué. Mais, selon des indiscrétions, cet autre ministre bénéficie des soutiens solides au sein du sérail.
Natif de Kissidougou, dans le sud-est de la Guinée, Mohamed Diaré a été formé à l’Université de Conakry, puis à l’Institut du Fonds monétaire international (FMI) et à l’École nationale d’administration (ENA) française. Ministre délégué au Budget depuis 2011, il s’est vu confier le portefeuille de l’Économie et des Finances, avec rang de ministre d’État, lors du remaniement du 20 janvier, remplaçant de fait un autre loup des finances, Kerfalla Yansané, à la tête aujourd’hui des Mines. Très imprégné de son domaine, Diaré était allé jusqu’à prédire une croissance de 4,5 % à 5 % courant 2014.
Comme si cela ne suffisait pour soûler le président, le ministre Diaré fait d’autres mirages : «Dans le budget 2014, nous avons baissé les dépenses de fonctionnement de l’État, notamment en stabilisant la masse salariale et en donnant la priorité aux dépenses d’investissement. Nos priorités sont l’énergie, qui absorbera 11,6 % de ce budget, et les travaux publics, avec des investissements en hausse de 56 % par rapport à 2013. Enfin, l’éducation et le secteur agricole mobiliseront respectivement 11,2 % et 6 % du budget de l’État. »
Des postures qui excitent de fait Alpha Condé lequel n’attend que des échos favorables comme pour dire que le ‘’changement annoncé est entamé’’. Sûr donc de cette confiance, Mohamed Diaré use et abuse des fonds publics. Comme d’ailleurs les nombreux autres ministres de la République qui passent entre les mailles du filet de la caisse unique. C’est ainsi que des propriétés achetées en France ou offertes par des particuliers comme cet appartement d’un million d’euros offert par KPC en contrepartie de marché de gré à gré. Ce n’est pas tout : des indiscrétions font état aussi d’un patrimoine acheté au nom de sa douce moitié, à quelque 765 mille euros dans la banlieue parisienne. L’acte notarié est disponible. D’où vient cet argent ? Avec le salaire du ministre avoisinant 20 millions GNF ? A quoi sert réellement le guichet unique d’Alpha Condé ? Pour enrichir les copains et coquins et du coup, préparer l’après-Alpha.
Après-Alpha disions-nous. C’est ainsi que, proches et collaborateurs du président s’activent pour trouver une gîte. Mohamed Lamine Comolam le neveu du président et chargé de mission à la Présidence est de cette clique. Il vient d’acheter un appartement cossu à Choisy-le-grand dans la banlieue parisienne. Son homonyme l’autre Mohamed, lui Diané, le géniteur des nominations tribalistes, ne s’est pas oublié lui non plus. La liste est longue. Les caisses de l’Etat saignent sans cesse, malgré le bruit de rigueur que laisse entendre le président Condé, aujourd’hui, concentrant tout à son niveau. Même le comité de trésorerie que le Premier ministre Said Fofana et Diaré pilotaient. Seule évidence, Alpha Condé pourra difficilement lâcher son ministre délégué à l’Economie et des finances. Même si, à ce jour, il lui a retiré bien des prérogatives. Il se rapporte que le ministre connait bien les dossiers sensibles du président. Et donc des pratiques peu orthodoxes de celui-ci.
Mohamed Diaré ploie mais ne cède pas, même dépouillé de tout. Si le quinquennat d’Alpha Condé n’existait, il fallait surtout l’inventer. Comme pour donner le courage et la latitude de chacun des courtisans de se taper des palaces sans jamais s’inquiéter.
C’est le temps des pillages en règle ! Qui dit mieux ?
Jeanne FOFANA, www.kababachir.com