« César, ceux qui vont mourir te saluent ». En s’envolant, le 22 août 2014, à destination de Tunis, la capitale tunisienne pour, dit-on, un repos huppé aux dépens du contribuable guinéen, laissant son peuple en proie à la douleur, à l’affliction, à la consternation, à l’hébétude, à la canicule, à l’effroi et à l’émoi – comme ce fut toujours le cas depuis son avènement à la magistrature suprême du pays – engendrés par la propagation du virus Ebola avec son corollaire de plusieurs centaines de victimes et de malades dû au laxisme et à l’amateurisme des autorités, Alpha Condé aura atteint le paroxysme de son attitude de mésestime et de moquerie vis-à-vis de la Guinée et des Guinéens.
Pis, il ne s’arrêta guère en »si bon chemin », sans aller au bout de sa logique et de ses manœuvres politiciennes pour verser dans la diversion, en tentant bien entendu, de détourner l’attention, toute l’attention d’ailleurs, des Guinéens de la fameuse affaire de vingt millions de dollars, à l’effet de focaliser celle-ci sur sa »maladie » et sa »mort », somme toute imaginaires, savamment orchestrées au prix d’une mise en scène outrageuse et d’un montage grotesque, avec la bénédiction de la Commission Chargée de l’intox au sein du RPG, dont la mission et stratégie consistent à propager de fausses nouvelles, puis jouer à l’étonné, au populisme et à la victimisation, non sans procéder à une vraie-fausse réplique. Le tout, sur fond de mutisme assourdissant des instances faîtières, histoire d’exacerber et entretenir le suspens.
Après avoir commis la rutilante « forfaiture » portant sur le transbordement controversé de la bagatelle de vingt millions de dollars, au moment où les Guinéens meurent de faim et d’Ebola, sans compter les effets pervers de l’insécurité, des ordures et d’une crise politique provoquée et entretenue, l’on s’arc-boute derrière un montage d’un autre âge pour tenter d’amuser la galerie, tout en s’arrogeant une certaine popularité et en s’offrant un accueil triomphal digne d’un héros. Quel dédain et quelle galéjade à l’endroit du contribuable et de l’électeur guinéens que l’on croit sans méninges pour discerner !
Tenez ! Au lendemain de l’avènement de Condé au pouvoir, le commun des Guinéens avaient applaudi des deux mains les effets d’annonce concernant l’unicité des caisses de l’Etat, la préservation et l’usage à bon escient du denier public.
Quelques mois ont seulement suffi aux Guinéens d’asseoir leur conviction selon laquelle, l’entrée en vigueur de ces mesures à deux vitesses consistait plutôt à réduire l’éventail des prédateurs, d’autant et si bien que la mal gouvernance et les montants des détournements n’avaient jamais atteint le seuil actuel. Comme si tout cela ne suffisait pas, des enquêtes menées par notre rédaction, entre la Présidence, la Banque Centrale et le Trésor Public, il ressort que les recettes générées par la Direction Générale du Patrimoine Bâti Public et l’Agence de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) seraient domiciliés dans des comptes particuliers qui échappent à l’orthodoxie des recettes et dépenses publiques, créant du coup d’autres caisses noires qui ne disent pas leurs noms.
En son temps, une radio locale avait dénoncé à ses risques et périls les sorties frauduleuses de mallettes remplies de billets de banque et de métaux précieux à l’occasion des voyages de Condé-père et de Condé-fils. Et, les agents postés à l’aéroport de Conakry-Gbessia qui ont eu l’outrecuidance d’accomplir correctement leur mission, en tentant de fouiner dans les bagages de Condé-fils, alors que celui-ci était en partance pour le Brésil via Dubaï, ces agents patriotes disons-le haut et fort, ont été purement et simplement relevés de leurs fonctions et mutés ailleurs, quarante-huit heures après leur « excès de zèle ».
A présent, il revient aux Guinéens et Guinéennes, épris de progrès et de bonne gouvernance, de faire du voyage, du carnet de santé et du retour de Condé-père, un non-événement, de prendre leur destin en main et de faire prévaloir leurs droits relatifs aux informations concernant l’origine, les identités des vrais propriétaire et acquéreur, la destination réelle et les mobiles du transbordement des vingt millions de dollars saisis tout récemment par les douanes sénégalaises à l’Aéroport International Léopold Sédar Senghor de Dakar. Les Guinéens se doivent de refuser la diversion, tout en demandant des comptes aux « voleurs » qui adulent de crier aux « voleurs ». Qui a empoché cinquante millions de dollars pour concéder la fermeture de l’usine Friguia ? Allez le savoir au Palais Sèkhoutouréya.
A l’évidence et en la matière, il ne serait guère saugrenu de marteler que les Guinéens n’ont plus que leurs yeux pour pleurer après avoir « élu ? » à la magistrature suprême de leur pays celui dont la gouvernance s’appuie essentiellement sur l’amateurisme, les nominations controversées, l’ethno-stratégie, la dilapidation du denier public, les effets d’annonce, les promesses stériles, une communication à la va-t-en guerre, les menaces outrancières et le hold-up électoral.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, comme nous l’enseigne le Cid de Corneille. Le Marquis de Sade, quant à lui, révèle que les Grecs considéraient le vol du denier public et le hold-up électoral comme des vertus guerrières et qu’ils récompensaient toujours les voleurs et autres politiciens experts dans la falsification des suffrages exprimés par leurs administrés. Et le même Marquis de Sade de préciser qu’en lieu et place des voleurs et manipulateurs des votes, les Grecs punissaient plutôt et sévèrement les victimes pour leur distraction et pour leur apprendre à mieux protéger leurs biens et leur volonté exprimée dans les urnes.
En époussetant cette vieille maxime, nous n’avons nullement la prétention d’absoudre de leur péché ces audacieux et maladroits fautifs qui ne comptent guère les revers, du moins l’indigestion qu’engendre leur forfaiture, en abusant de la confiance et de la crédulité de leurs victimes. Alors, c’est aux Guinéens désormais de renforcer leur vigilance et d’exiger des comptes. Nous y reviendrons.
La Rédaction de Kabanews