Statut de Chef de file de l’opposition attribué à Dalein : «C’est une simple opération de charme » estime l’opposition
L’annonce du président Alpha Condé vendredi de vouloir attribuer à son rival, Cellou Dalein Diallo, le statut de Chef de file de l’opposition guinéenne, a été différemment interprétée au sein de la classe politique guinéenne.
Si la mouvance présidentielle salue l’idée, pour l’opposition, elle n’a aucun sens. Les opposants du régime du Pr Alpha Condé estiment que cette annonce devant le président Français est une simple opération de charme du numéro un guinéen.
« Introduire un projet de loi à l’Assemblée nationale afin que Cellou Dalein Diallo soit reconnu comme Chef de file de l’opposition guinéenne, c’est la preuve qu’Alpha Condé est un démocrate. » estime-t-on au sein de la mouvance présidentielle.
Me Mamadou Sidiki Sylla salue l’idée : « Je rappelle que la Guinée est dotée d’une loi comme statut de l’opposition. Le président Alpha Condé est dans la même logique, moi je salue absolument le caractère démocrate du Pr Alpha Condé qui encore une fois prend de contre pied totalement tout ce que les uns et les autres ont dit de lui récemment ».
Des sorties du Chef de l’Etat qui à chaque fois créent de polémique. Lors de sa conférence de presse, il a une fois de plus brandit des menaces à l’endroit de l’opposition. C’est pourquoi, celle-ci n’accorde d’ailleurs aucune importance à ses propos.
Pour l’opposition, cette déclaration n’a aucun sens. Alpha Condé a juste voulu montrer bonne figure devant le président français François Hollande.
Selon Dr Faya Millimono, leader du Bloc Libéral : « Il ne faut pas attendre la visite d’un président pour donner l’impression qu’il (ndlr Alpha) a du respect pour le peuple de Guinée, pour ses adversaires. Nous nous rappelons de lui durant son mandat que c’est le seul Chef d’Etat qui a osé traiter ses adversaires d’être des chiens. Donc, qu’il annonce un statut particulier pour le Chef de file de l’opposition, c’est une lutte qui a commencé très longtemps. Donc, c’est une marche que nous continuons que ça soit avec lui ou après lui. Il est clair que les guinéens verront l’opposition respectée comme la mouvance dans ce pays» s’insurge Faya Millimono.
A la question de savoir qu’est ce que l’opposition compte faire après ces déclarations Dr Faya Millimono répond : « Mais rien ! Ça n’a aucun sens pour nous. ». Cette autre déclaration laisse plus d’un perplexe quant on sait qu’il y a trois jours, le Chef de l’Etat brandissait des menaces ardues contre cette même opposition.
Pour le député Holomou Kourouma, Cellou Dalein Diallo dirige le principal parti de l’opposition guinéenne. Sur ce plan, il mérite d’obtenir le statut de Chef de file de l’opposition guinéenne. Mais « dans la constitution guinéenne, en son article 3 a prévu la possibilité qu’une loi organique définisse les conditions dans lesquelles les partis politiques se créent et exercent leurs activités. » Mais, estime le député uninominal de N’Zérékoré, « on ne peut pas se lever un beau matin comme ça pour désigner quelqu’un comme Chef de file de l’opposition sans un cadre réglementaire. Donc il faudra mettre un cadre légal d’abord. ».
Holomou Kourouma est tout de même persuadé que le parlement est mieux indiqué pour pencher sur la question. Si la logique est respectée, il faudra attendre au mois d’Avril lors de la session parlementaire consacrée à l’examen des projets de lois.
Abdoul Wahab Barry, www.kababachir.com
