Le 5 mai dernier, le président de la République, Alpha Condé a invité le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo au palais de Sékoutoureyah pour parler de la crise sociopolitique dans laquelle la Guinée est plongée depuis la publication par la Commission électorale du calendrier des prochaines élections. Prévue le vendredi 8 mai, la rencontre n’a finalement pas eu lieu à la date indiquée, suite à la répression barbare qui s’est abattue sur les citoyens considérés comme proches de l’opposition dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry. Après que des responsables du principal parti d’opposition ont commencé à dire qu’elle a été purement et simplement annulée, le patron de l’Union des forces démocratiques de Guinée a indiqué dans un communiqué qu’il est disposé à rencontrer le Chef de l’État ce mardi.
Cette annonce a été unanimement saluée par plusieurs citoyens – de tous bords confondus – car ces dernières semaines les violences en marge des manifestations politiques et ‘journées ville morte’ ont atteint un niveau inquiétant. Dans les rues de la capitale, nombreux sont ceux qui espèrent un dénouement heureux de la crise au terme de leur entretien. Toutefois, les discussions pourraient être tendues entre le président Condé et son principal challenger. En effet, le locataire du palais de Sékoutoureyah a prévenu dans une interview exclusive accordée au magazine panafricain Jeune Afriquequ’il ne reviendrait pas sur le chronogramme électoral, c’est-à-dire la présidentielle sera organisée avant les communales. De l’autre côté, Cellou Dalein Diallo a appelé ses partisans, au cours de la dernière assemblée générale ordinaire de son parti, le samedi 9 mai, à se tenir prêts pour le combat au cas où les pourparlers échouent.
Si officiellement chaque camp est ouvert au dialogue, la réalité n’est pas aussi simple que ça. Chaque partie, sûre de ses capacités à vaincre son adversaire, promet de ne pas caresser l’autre. Ce ‘Oui, mais…’ risque d’être la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Le manque de confiance entre les acteurs impliqués dans le processus de démocratisation de la Guinée a favorisé l’émergence d’un repli identitaire qui, dans le futur, pourrait débourser sur une crise sociale qui restera à jamais dans l’histoire de la Guinée.
La suspension de toutes les manifestations sur la voie publique pour donner une dernière chance au dialogue a permis de décrisper la tension, mais sans pour autant parvenir à l’éliminer. Un vent frais souffle certes dans les quartiers ‘chauds’ de la capitale depuis le weekend mais cela pourrait bien être le calme avant la tempête. Parce que si une solution n’est pas trouvée, Conakry pourrait aussitôt répartir avec la guérilla urbaine.
Thierno Diallo, www.kababachir.com