Transactions foncières : où en est-on avec les spéculateurs ?

Le gouvernement pensait pouvoir mettre fin aux activités des spéculateurs fonciers en prenant des mesures contre cette meute qui fait fortune dans les transactions de domaines. C’est manifestement raté. Du moins dans certaines périphéries de la capitale. Coyah, Dubreka, Kindia, entre autres sont les plus concernés. Ici et là on vend. On troque, on met à gage.

Les domaines et titres fonciers et cadastres, constituent une source d’enrichissement illicite chez nombreux démarcheurs, magistrats, responsables coutumiers, gendarmes et autres autorités préfectorales, notamment dans les périphéries de Conakry et dans l’arrière-pays. Les querelles, bagarres qui se transportent dans les juridictions sont souvent sans suite ou rebondissent des jours ou semaines qui suivent.

C’est certainement pour mettre de l’ordre dans cette cohue que le gouvernement a mis le holà. Dans une lettre circulaire du ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire, Ibrahima Bangoura, il a été demandé aux responsables de l’habitat dans les 33 préfectures que compte le pays de sursoir désormais aux travaux d’aménagement des domaines et toutes autres spéculations foncières. Cette décision du ministre, on l’a dit, est motivée en partie par le fait que des directeurs préfectoraux de l’habitat spolient les propriétaires coutumiers au nom de l’Etat mais à leur propre profit. C’est ce qui serait à l’origine des conflits domaniaux dans le pays. Cette mesure frustre certains (chefs de quartiers, chefs secteurs et autres particuliers qui ont bâti des fortunes dans les tractations frauduleuses de domaines et de parcelles), réjouie d’autres.

De son côté, Alpha Condé a dénoncé pas vraiment dans la dentelle toute la pagaille qu’il y a dans le secteur foncier, avant d’accuser nommément les huissiers, qui, à ses yeux, en sont parmi les responsables. « Je pense que la Guinée va prendre ses responsabilités. Beaucoup d’entre nous doivent balayer devant leur propre porte, voir déjà quelle est leur propre pratique avant de nous parler » a notamment dit Alpha Condé, c’était à l’occasion de la deuxième réunion du Comité national de pilotage de réforme de la Justice. Il reste que les habitudes ont la vie dure en Guinée. Quelle que soit l’interdiction, certaines personnes, s’abritant derrière le parti au pouvoir pourront souvent enfreindre à la mesure. Déjà, les coutumiers se disent prêts à passer outre cette mesure.

Jeanne FOFANA, www.kababachir.com

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