Le représentant sortant de l’UE en Guinée n’était vraiment pas en odeur de sainteté avec l’ensemble des opposants au régime d’Alpha Condé. C’est pourquoi certains leaders politiques soupçonnaient Philippe Van Damne d’être de mèche avec l’opposant historique et ses affidés. Paria d’un côté et coqueluche de l’autre, Van Damne lui ne semble pas s’émouvoir de l’idée que chaque opposant se faisait de lui. Et pourtant, les rapports étaient tellement orageux que certains avaient même demandé son départ de la Guinée.
A l’orée de son départ définitif, le diplomate européen « constate que sur ces quatre ans que j’ai passés ici, il y a beaucoup de gens qui m’ont accusé de beaucoup de choses. Comme disait quelqu’un, l’autre jour, quand on pèse les critiques émanant des uns et des autres, j’imagine que les critiques se neutralisent. C’est-à-dire qu’il y a autant de critiques d’un côté que de l’autre. J’ai d’ailleurs l’impression que ça n’a jamais été des critiques portées par la majorité. Ça a toujours été des commentaires de certains individus. » Et Van Damne d’ajouter : « Je laisse à chacun de ces individus la responsabilité de leurs propos. Je ne suis pas là pour commenter les commentaires de la classe politique guinéenne. Je suis là pour observer la classe politique guinéenne, en vue, je le répète, de proposer nos services pour accompagner un processus. Nous avons essayé d’accompagner ce processus. Maintenant, on peut faire de l’histoire. Mais je ne suis pas historien. Je laisse cela aux autres. »
Aujourd’hui, le représentant de l’UE en Guinée s’en va, un autre vient. Il a quand même invité les citoyens d’interpeller la classe politique : «Ce que les gens veulent, c’est de pouvoir se nourrir, avoir des services sociaux de base, une formation de qualité, un emploi, un avenir. Ce qu’ils ont besoin, c’est la paix et la réconciliation nationale. Je pense que c’est ça l’interpellation de la population à la classe politique. C’est à la classe politique de traduire cette interpellation. (…) les problèmes guinéens doivent être résolus par les Guinéens. Avec la mise en place de l’Assemblée nationale, ils doivent se prendre en charge. Pour ma part, j’ai essayé d’incarner les valeurs européennes que je pense être des valeurs qui peuvent également servir la Guinée. Le reste, c’est l’histoire. J’ai toujours gardé d’excellents contacts avec l’ensemble de la classe politique. Au-delà, des turbulences conjoncturelles qui sont inévitable dans ce métier».
Certainement, l’opposition républicaine ne va pas regretter le départ de ce diplomate occidental.
Jeanne FOFANA, Kabanews