Les chiffres que le gouvernement avance et ceux des autres structures partenaires ne sont pas les mêmes. Et mieux, ceux qui émanent du corps médical font davantage plus peur. Tous les jours que Dieu fait, un médecin annonce à ses proches le décès d’un Guinéen suite à Ebola. Mais les chiffres du gouvernement restent souvent intacts. Inchangés. C’est à se demander si la Guinée ne cacherait pas les vrais chiffres.
Les derniers livrés remontent à vendredi : 648 cas, dont 430 morts. Faux, réplique ce vendredi à Paris, le ministre d’Etat guinéen des Affaires étrangères, François Lounceny Fall. Le même scénario qu’en avril et juin, quoi ! Les partenaires donnent des chiffres, la Guinée les réduit, alors qu’on voit que tous les jours il y a des victimes, mais ce n’est pas tout le temps que nous assistons à des guérisons.
Selon donc le ministre guinéen, « À la date d’aujourd’hui, nous avons enregistré en Guinée 499 cas dont 293 décès ». La différence est trop grande pour y croire : de 149 pour les cas, et de 137 pour les décès. A qui profite ces statistiques fallacieuses ? Pourquoi ne veut-on pas donner les vrais chiffres afin de permettre aux populations de mieux se saisir des enjeux et des mesures à prendre ? Pourquoi la Guinée sous-estime-t-elle Ebola, alors que des Guinéens meurent tous les jours du virus maudit ?
On se rappelle qu’en avril, c’est le président guinéen, Alpha Condé, en personne, qui était monté au créneau pour demander des « comptes » à l’ONG Médecins sans frontières (MSF), qui avait déclaré à cette époque que la situation était « hors de contrôle ». Le président guinéen, qui au même moment soutenait que la situation était « bien maîtrisée », s’en était vertement pris à l’OMS et aux organisations humanitaires, en déclarant que « tout n’est pas parfait dans leur comportement », allant jusqu’à mettre en doute la gestion financière de certaines institutions partenaires.
Jeanne FOFANA, Kabanews