66 journalistes tués, 5 exactions qui ont marqué l’année, 119 journalistes enlevés, 5 zones les plus dangereuses, 178 journalistes en prison, 139 journalistes exilés, 853 journalistes arrêtés et 1846 autres menacés ou agressés en 2014, selon RSF.
Les décapitations de journalistes en 2014 démontrent l’ampleur de la violence à l’égard des témoins gênants.
Rarement la mort des reporters aura été perpétrée avec une science aussi barbare de la propagande. Au-delà de ces actes qui ont suscité une émotion partout dans le monde, 66 journalistes professionnels au total ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions en 2014, ce qui représente une légère baisse de 7 % par rapport à l’an passé. Les deux tiers ont trouvé la mort dans des zones de conflit, comme en Syrie (le pays conforte sa place de pays le plus meurtrier pour les journalistes), dans les territoires palestiniens (notamment à Gaza), dans l’est de l’Ukraine, en Irak et en Libye. Deux phénomènes importants peuvent être relevés : en premier lieu, la décrue des assassinats de journalistes dans les pays “en paix”, en Inde ou aux Philippines. A l’inverse, il convient de souligner la hausse importante (+ 100 %) de femmes journalistes tuées cette année, six contre trois l’an dernier. Les journalistes de sexe féminin ont été tuées en Centrafrique, en Irak, en Egypte, en Afghanistan et aux Philippines. Une net-citoyenne mexicaine a également été assassinée après avoir été enlevée par des hommes armés.
139 journalistes professionnels et 20 citoyens-journalistes exilés
Au cours de l’année 2014, 139 journalistes professionnels et 20 citoyens-journalistes ont pris attache avec Reporters sans frontières (RSF) au moment de fuir leur pays. En comparaison, RSF recensait l’an dernier 77 journalistes professionnels ou non contraints au départ en raison de leurs activités. Ces chiffres traduisent une hausse de plus de 100 % du recours à l’exil par rapport à 2013. Echouant le plus souvent dans des pays limitrophes, nombre de journalistes déracinés continuent de craindre pour leur sécurité. Les sbires des régimes ou les milices qu’ils tentent de fuir franchissent parfois les frontières à leurs trousses.
Face au chaos et aux menaces de mort, 43 Libyens et 37 Syriens ont emprunté le chemin de l’exil en 2014. La répression sur l’ensemble de la presse privée en Ethiopie a poussé 31 journalistes au départ. Face aux menaces d’arrestations des autorités d’un pays devenu la plus grande prison du continent européen pour les journalistes, des dizaines de professionnels d’Azerbaïdjan ont fait de même aux cours des derniers mois. Six d’entre eux ont été aidés par Reporters sans frontières.
L’hémorragie s’est également poursuivie en Iran et en Erythrée, pays malheureusement abonnés aux dernières marches du Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Malgré une légère baisse du nombre de journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions, le bilan publié par Reporters sans frontières pour l’année 2014 met en lumière une mutation de la violence, avec une instrumentalisation de plus en plus grande des exactions contre les reporters (décapitations, mises en scène, menaces). Les assassinats sont de plus en plus barbares, les enlèvements en très forte croissance, avec l’objectif, pour ceux qui les perpètrent, d’empêcher l’information indépendante et de dissuader les regards extérieurs. Les intimidations sont si diverses que les journalistes sont deux fois plus nombreux à avoir pris le chemin de l’exil par rapport à l’année précédente.
Établi chaque année depuis 1995 par Reporters sans frontières, le bilan annuel des exactions commises contre les journalistes se fonde sur des données précises, collectées grâce à l’activité de veille de l’organisation.
Sont inclus dans ces statistiques les journalistes, professionnels ou non, ayant trouvé la mort dans le cadre de leur travail d’information. Les cas sur lesquels l’organisation n’a pas encore pu réunir les éléments nécessaires pour statuer avec rigueur demeurent en investigation.
Source : fr.rsf.org