En matière de crime, il n’était jusqu’ici question que de la notion de crime parfait. A côté, il faudrait dorénavant ajouter celle de stratégie parfaite. La Guinée en général et son appareil judiciaire en particulier pourraient en détenir le brevet d’invention. En tout cas, si la logique qui a commencé à propos du meurtre du journaliste Mohamed Diallo, allait jusqu’à son terme. En effet, on ne peut dénier à ceux qui mènent cette procédure un certain génie. Mais qu’ils mettent cependant au service du mal et de la mauvaise cause.
Ainsi, au su et au vu de tout le monde, une vérité est en invention. Quand, au début, l’enquête s’est focalisée exclusivement sur les gardes de Cellou Dalein Diallo et de Hadja Halimatou Diallo, quelques-uns y ont vu les égarements d’une procédure sans issue. Mais au fur et à mesure que l’on avance, on se rend bien compte que c’est la naïveté qui relève de la folie en la matière. Ne jamais sous-estimer un adversaire, pourrait être la leçon que l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) en tirera. Car désormais, tous les éléments sont réunis. Les soupçons ne pèsent plus que sur Sow, celui-là même dont le nom avait été divulgué dans la presse par Bah Oury. Et désormais, il y a un argument en béton contre lui. Un de ces compagnons aurait fini par le dénoncer. Plutôt curieux non !
Peu importe ! La machine est lancée et seul le résultat comptera. Que l’opinion soit convaincue, c’est secondaire. Qu’il s’agisse de la vérité (celle authentique !), c’est également de peu d’importance. Curieusement, c’est comme avec l’attaque de la résidence du président Alpha Condé, un certain 19 juillet 2011. Avant même l’enquête, Alpha Condé avait identifié Bah Oury comme cerveau du complot. Au bout de la chaine, il avait été condamné à perpétuité. Il n’est d’aucun intérêt de changer les méthodes qui produisent des résultats, la même recette est aujourd’hui utilisée en faveur du même Bah Oury. Il en va ainsi dans les pays où les convictions ne sont que prétexte et la justice, un idéal inaccessible.
Pour en revenir à la procédure portant sur le meurtre de notre confrère, la question est désormais celle de savoir si la mise en scène se limitera à l’identification de Sow comme auteur du coup de feu fatal ou si les scénaristes iront plus haut, dans la sphère de l’UFDG. En tout cas, ils feront à leur guise, car ils auront été particulièrement inspirés.
Alpha Oumar, www.kababachir.com